Moi, Matthias Pedaert, fils de Peter Pedaert et de Margarete Bruns, de Liège, âgé aujourd’hui de soixante-neuf ans, je tiens à témoigner en mon âme et devant Dieu des événements auxquels j’ai assisté voici plus d’un demi-siècle, durant la nuit du 10 au 11 août de l’an de grâce 1521, en la demeure de Peter Wichmans, chanoine à Anderlecht, écolâtre du chapitre de Saint-Pierre et de Saint-Guidon. Je dicte cet écrit à mon fidèle ami Josse Probst, et je souhaite qu’il le conserve de par lui, car je suis désormais vieux et malade, et, je le crains, au seuil de la mort.
J’étais depuis trois mois l’assistant du très illustre Érasme de Rotterdam. Sur la recommandation du sénateur de Nuremberg Willibald Pirckheimer, le sage docteur m’avait fait l’honneur insigne de m’accepter auprès de lui. J’effectuais quelques menus travaux de traduction, je veillais à son bien-être et à la sauvegarde de sa santé fragile. Je savais le latin et le grec, j’avais lu Aristote et Platon, Plaute et Virgile, et même la Germania de Tacite.
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