2ème édition, La Découverte, 2005.

Succès ou échec de Rome en Afrique du Nord ? Vieux et vain débat qui oppose encore chantres et détracteurs de la romanisation. Le présent livre - devenu un classique depuis sa publication en 1976 - est né du désir de rompre avec cette problématique surannée. À travers l’étude de la résistance à la romanisation, c’est une vision renouvelée d’un épisode capital de l’histoire africaine qu’il tente de présenter : une vision qui remette enfin la population indigène de l’Afrique romaine — négligée ou ignorée par une documentation partiale et lacunaire — au centre de sa propre histoire. La notion de résistance joue donc ici le rôle de concept unificateur. Elle permet de regrouper en un ensemble cohérent les diverses formes de la réaction africaine à la présence romaine, depuis le soulèvement contre une occupation étrangère jusqu’au refus, total ou partiel, d’une culture importée. D’où la multiplicité des sujets abordés dans l’ouvrage. La première partie, consacrée aux problèmes militaires, analyse les causes des révoltes indigènes et les raisons de leur relative inefficacité. La seconde partie s’efforce de prendre la mesure exacte de l’héritage africain et de l’apport romain dans les domaines de la religion, de l’organisation sociale et administrative, du langage et de l’onomastique. Au terme de ces analyses apparaît la singularité du destin de l’Afrique romaine, fait d’une multitude d’histoires partielles — croisées ou parallèles.

 

 Début de la préface à l’édition de 2005,  par Michel Christol, Professeur à l’Université de Paris-I 

Le livre de Marcel Bénabou, qui retrouve vie à l’occasion du renouvellement des questions soumises aux candidats aux concours de recrutement des professeurs, a près de trente années d’existence, puisqu’il fut publié en 1976. L’occasion était bonne de procéder à une réimpression puisque, subitement, l’intérêt que l’on pouvait porter à l’ouvrage s’étendait largement. En effet, un public studieux venait d’être convié à puiser dans sa lecture le savoir nécessaire au succès, c’est-à-dire – faut-il le préciser ? – savoir éclairé et intelligent : une tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien pleine. Mais, dans l’épreuve d’un temps plus long, le cheminement propre du livre, cheminement moins lié aux circonstances et aux événements passagers, même si ceux-ci répondent à une finalité universitaire, concordant avec l’intention de l’ouvrage, montrait nettement qu’il fallait continuer de le rendre accessible, qu’il convenait toujours de l’offrir aux jeunes générations qui, en France comme dans les pays du Maghreb, éprouvent le besoin de réfléchir sur leurs passés, faits de blocs historiques juxtaposés, très divers, très caractéristiques aussi, mais cependant associés dans les invariants de l’histoire immobile, qui propose aux hommes en société, des cadres de vie peu modifiables, tout juste aménageables. Depuis quelques années déjà, la nécessité d’une réimpression était manifeste.

 

 

Table des matières :

Introduction 

Livre I - Le problème militaire jusqu’à Dioclétien

 

- I / Préambule à la résistance - 1. Rome et l’Afrique avant Auguste : les origines du problème - I - Terminologie : conquête, colonisation, romanisation - II - Les premières étapes de l’avance romaine - III - Les initiatives africaines de César -2. Auguste ou la recherche d’un nouvel ordre - I - La réorganisation administrative : un cadre pour la romanisation - a. La réunion des deux Afriques - b. Le royaume de Bocchus - c. Les colonies - II - Les premières réactions berbères : l’éveil de la résistance -

  II / La résistance militaire - 1. Africains et Romains : l’équilibre africain traditionnel - 2. Menaces contre l’ordre augustéen - I - Les semi-nomades face aux empiètements romains : Tacfarinas - II - La double réforme de Caligula, dernière étape de la conquête - a. La division des pouvoirs entre proconsul et légat - b. La réaction Maure à l’annexion de la Maurétanie - III - L’Afrique et la crise de 68-69 - a. Macer - b. Albinus - c. Avènement de Vespasien - 3. La période flavienne : premiers échecs des nomades sahariens - I - Les Garamantes - II - Agitation maure - III - Les Nasamons sous Domitien - IV - Explorations - V - Nouvelle action contre les Maures - 4. De la réorganisation trajanienne à l’interventionnisme militaires des derniers Antonins - I - La réorganisation de l’Afrique - II - Succès et échecs des Antonins dans leur tentative d’avance vers l’ouest - a. Les difficultés d’Adrien en Maurétanie : les hostilités de 118 ; les hostilités de 122 ; les raisons de ces hostilités - b. Les événements de Maurétanie sous le règne d’Antonin - c. La contre-attaque des Maures de Tingitane - d. Un tournant dans la politique africaine : le règne de Commode - 5. L’acharnement de Sévères contre la ténacité maure - I - L’importance du règne de Septime Sévère - a. Les initiatives sévériennes et le limes : la création de la province de Numidie ; le lime Tripolitanus ; La Numidie ; La Maurétanie - b. La réplique - c. Les résultats d’une politique : mesures économiques ; politique municipale - II - Caracalla - III - Les castella de la plaine de Sétif - a. Les castella et la politique de défense - b. Les castella et les troubles de 227 - IV - Le double problème d’Alexandre Sévère - a. Les troubles - b. Nouvelle politique défensive - 6 - La crise de l’Afrique romaine - I - La crise de 238 - II - La dissolution de la légion - III - Lointains contrecoups de la crise de 238 - IV - L’offensive des montagnards de Césarienne et de Numidie - a. Le retour de la légion - b. Les Bavares et leurs alliés - c. Retour en force des Bavares - d. Renouveau des troubles en Mauritanie ? - e. La paix baquate en Tingitane : la « dynastie » des Iulli - 7. Les guerres africaines sous la Tétrarchie - I - Les troubles de 290-293 - II - Maximien en Afrique - III - La réorganisation de l’Afrique sous Dioclétien : un constat d’échec ? -

Livre II - La résistance culturelle : l’héritage africain dans la civilisation romaine d’Afrique  

Introduction -

III / La résistance religieuse -

1.  Éléments de l’ancienne république libyque-  I - Les incarnations du sacré : montagnes, grottes, pierres - II - Le sacré garant de la vie matérielle - III - Zoolâtrie, astrolâtrie, culte funéraire -

2. Divinités indigènes - I - Divinités locales - II - Dieux isolés  - III - Noms théophores - IV - La place des divinités - a. Les représentations et le panthéon de Béja - b. Temples et autels - c. Les prêtres - 3. Le problème des Dii Mauri : un culte ambigu -

4. L’africanisation des divinités romaines - I - Du particularisme au syncrétisme : le problème des influences - II - Jupiter en Afrique - a. Jupiter Hammon - b. Jupiter et Saturne - III - Mercure, Silvain et la végétation en Afrique - IV - Mars africain - V - Bacchus africain - VI - Neptune africainet le problème de l’eau - VII - Esculape, Eshmoun et les génies lybiques de la santé - VIII - Junon Cælestis - IX - La place de Saturne dans la religion de l’Afrique romaine- 5. Religion et survivances -

IV - Les carences de la romanisation

- 1. Les cadres de la vie africaine : la ville - I - Aspects de la population des provinces africaines - II - Urbanisation et romanisation - a. La création de communes romaines : deux méthodes - b. Les origines de l’histoire urbaine - c. L’organisation municipale romaine en Afrique : terminologie et réalités sociales : terminologie et statut juridique ; réalité sociale - d. Les lenteurs calculées de la romanisation administrative jusqu’à Septime Sévère -

2. Les cadres de la vie africaine : la tribu - I - Le contrôle des terres - a. La politique du cantonnement - b. Les suites du cantonnement – Le contrôle des hommes : præfecti et principes - a. Les præfecti genits - b. Les principes gentis -

3. La langue - I - Le lybique - II - Le punique -

4. Le nom - I - Traces du particularisme africain dans l’onomastique - II - L’onomastique africaine et les débuts de la romanisation - III - Aperçus sur l’onomastique des cités africaines - a. La population de Lepcis magna et son onomastique : Lepcis au Ier siècle : les traditions puniques ; les sénateurs et leur famille  ; quelques familles en vue ; les titulaires de fonctions municipales ; les humbles ; les étrangers à Lepcis - onomastique tardive - b. L’évolution des noms à Carthage - c. Dougga - d. Mactar - e. Les villes de garnison : Ammædara ; Theveste ; Lambèse - f. Cirta et Castellum Celtianum - g. Les villes de Tingitane : l’exemple privilégié de Volubilis

- Conclusion -

Les Sources littéraires 

Index - Noms de personnes - Index géographique - Divinités et religion - Index rerum -

Listes et tableaux récapitulatifs - Cartes.

 

Table des matières