Ces mots-là, c’est Mollat
Mollat : « On ne parle jamais assez de Le Tellier »
Depuis les prises d’otages successives de Marc Lévy, Guillaume Musso et Anna Gavalda, il est de moins en moins bon ton de parler de littérature sentimentale. C’est en effet le lieu d’expression de tous les clichés, de pas mal de mièvrerie quand il n’est pas simplement question d’une langue pauvrissime. Et on perçoit aisément le tourment des libraires condamnés à devoir trouver à leurs clients des successeurs à ces merveilles qu’il ne faut pourtant pas mépriser (et puis après tout Gavalda est un artisan doué, un peu porté sur le bon sentiment, ce qui, en période de cynisme, n’est guère pardonné par les faiseurs d’opinion). Tout cela pour vous parler d’Hervé Le Tellier qui se passerait volontiers d’une introduction pareille. Car s’il y a bien une catégorie à laquelle échappe pour l’heure cet auteur c’est bien celle d’écrivain sentimental.
Membre de l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle) qui l’a coopté depuis que ses membres ont réalisé que ce jeune homme pratiquait lui aussi une littérature de contrainte, il nous régale de livres absolument réjouissants où son intelligence trouve à s’exercer souvent loin de la forme romanesque. Les mieux disposés se souviennent des Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable, best-seller du Castor astral où Le Tellier répond des centaines de fois à la réponse “A quoi tu penses ?”, la question qui tue devant laquelle son génie de l’à-propos trouve à se déployer. A quoi pensait-il lui justement quand il a accepté de devenir un des fers de lance de la rentrée chez Jean-Claude Lattès ? Qu’on allait le juger parmi les 600 romans qui vont s’abattre sur nos tables et d’où ne surnageront que quelques élus qui flottent mieux que les autres (pas toujours les meilleurs nageurs d’ailleurs) ? Qu’on allait le ranger parmi les néo-sentimentaux ? Ou qu’on allait enfin pouvoir juger qu’à la suite de son petitJe m’attache très facilement qui nous avait réjoui en 2007, cette brève histoire de fiasco sans fioriture, il avait la carrure d’un vrai romancier ? Nous l’ignorons mais à nous qui avions adoré Le voleur de nostalgie il y a près de vingt ans, il revenait de ne pas hésiter à plonger dans Assez parlé d’amour, son livre à paraître à la rentrée.
Quand on vous parlait d’intelligence, on n’employait pas ce terme, très dangereux, à la légère car on sait à quel point les auteurs dits intelligents sont ennuyeux et ne séduisent souvent qu’eux-mêmes ou en miroir leurs lecteurs fascinés. Mais Le Tellier use de sa grande finesse pour nous charmer avec son histoire de quarantenaires saisis par des coups de foudre qui vont ravager les allées tranquilles de leurs vies ordonnées : l’amour s’invite chez deux hommes et deux femmes, l’un, Thomas, est psychanalyste et va croiser la route de Louise l’avocate pendant qu’Anna, qui est suivie par ce dernier, tombe sur Yves, un écrivain, sorte de frère d’Hervé Le Tellier. A quatre et selon un habile mouvement de va-et-vient (de dominos dirait l’oulipien Le Tellier qui a organisé, de façon presqu’invisible pour nous, son roman selon le principe des dominos abkhazes…), nous allons suivre au plus près les trajectoires de quatre personnages qui vont vaciller, se perdre, se retrouver, faire croiser leurs routes, faire valser leurs hésitations et jouer leur va-tout ou au contraire reculer in extremis devant le terrible précipice qui s’ouvre devant eux : l’amour total. Le Tellier a les qualités du diable qui s’invite dans les consciences amoureuses pour mieux en disséquer les mécanismes, mais il a les vertus du romancier qui aime ses créatures et nous les fait aimer incertaines et fragiles, irritantes et touchantes, lâches et courageuses. Et il fait de nous ses complices, les observateurs du très petit monde qu’il ordonne autour de cette obsession qu’est l’amour, chimère qui jamais ne désarme. On aura soin de ne pas trahir les aléas de cette double histoire mais on aura à cœur, le moment venu, de vous inviter à vous en emparer, certains que toutes ces volatiles histoires de cœur sauront trouver le chemin du vôtre…
Librairie Mollat, le 12 août 2009.
Dialogues : « Eloge de la foudre »
« L’amour naît de la défaillance que l’on perçoit, de la faille où l’on s’engouffre, vous ne trouvez pas ?
Un bel automne à Paris, la foudre enflamme les cœurs de quatre quarantenaires et bouleverse leur vie.
Anna est belle, la peur de vieillir et un besoin de sécurité maladif la paralysent. Yves est écrivain ; il n’est sûr d’avoir envie de devenir l’homme admiré et célèbre qu’elle aimerait tant qu’il soit.
Louise est avocate, elle n’a pas « eu son mot à dire » quand elle est tombé amoureuse de Thomas, rien voulu faire pour éviter que sa vie n’en soit chamboulée. Thomas est seul, il passe ses journées à écouter les autres dans son cabinet de psychanalyste.
Vertige de l’amour, trouble du désir, rendez-vous clandestins, mensonges aussi, un peu, offensives de la raison et des mauvaises raisons, Hervé Le Tellier nous emmène en balade avec ses personnages, entrecroisant habilement leurs chemins pour nous tourner la tête, sans jamais abandonner l’humour tendre qu’on lui connaît depuis longtemps, et qui n’en finit pas de nous ravir.
On découvrira les dominos abkhazes, jeu complexe, étrange, inconnu du commun des mortels, et qui pourrait bien avoir inspiré à Hervé Le Tellier la construction de son roman (mais où a-t-il été chercher ça ?). Entre les lignes, les ombres de Perec et d’Edouard Levé nous font signe, amis disparus, toujours si proches.
Il n’est pas si fréquent, dans cette époque plutôt cynique et souvent vulgaire, de lire des pages aussi sensibles sur le sujet rebattu de l’amour. Hervé Le Tellier, qui avait obtenu en 2007 le Prix du roman d’amour pour son livre Je m’attache très facilement, est décidément, quoi qu’il en pense, un grand sentimental.
Isabelle Schulmann, librairie Dialogues, le 20 août 2009
Le Furet du Nord : « Un récit tendre et futé, semé de clins d’œil »
Anna et Louise, mariées, mères de famille et heureuses, pourraient être sœurs mais elles ne se connaissent pas. Presque le même jour, Anna la psychiatre va croiser la route d’Yves, écrivain et Louise l’avocate, celle de Thomas, l’analyste d’Anna.
A 40 ans, ce tournant d’une vie qui ne comporte que cela, l’envie, le plaisir, l’étonnement et le coup de foudre sont encore permis, même si cette liberté se paie comptant !
Hervé Le Tellier cisèle un récit tendre et futé, semé de clins d’œil, de fausses pistes, de digressions, mais assez parlé d’amour : lisons-le…
Catherine, libraire à Villeneuve d’Asc.
La Lettre écarlate : « Léger, distrayant, facile et brillant, spirituel, intelligent. »
Avec brio, Hervé Le Tellier propose deux histoires d’amour pour le prix d’un livre. Intelligemment construit, particulièrement bien écrit (complexe et pourtant tellement facile et agréable à lire), ce roman m’a emportée pendant sa lecture. Je vous le conseille.
Et voici ce qu’Emma en dit également :
Six personnages, dont un auteur, un psy et un ophtalmo (trois métiers pour trois façons de « voir clair » ou d’appréhender le réel), deux femmes et quatre hommes. Trois objectifs : le premier, avoué, de ne pas parler d’amour (mais c’est un leurre, car l’auteur ne fait que ça); le deuxième, à peine voilé, de jouer avec les procédés littéraires (on savoure); le troisième, omniprésent, de (psych)analyser les 40-50 ans tenaillés entre souhait de stabilité et envie de désir. L’Oulipien Le Tellier joue aux dominos et donne des tas d’idées aux animateurs d’ateliers d’écriture. A la fois léger, distrayant, facile et brillant, spirituel, intelligent.
Géraldine Frognet, Le 9 septembre
La librairie de Jean-Paul Collet, libraire passionné, rue Monge à Paris.
La Boucherie : « Le coup de foudre de la rentrée littéraire ! »
« La planète connut cette année-là son automne le plus chaud depuis cinq siècles »… Malgré la première phrase du livre, on parle ici du réchauffement des cœurs, d’un quatuor de personnages amoureux, la quarantaine rugissante. Une belle partie de dominos et de dames sur la carte du tendre, mais où souffler le chaud n’est pas jouer. Le coup de foudre de la rentrée littéraire !
Marika Mathieu, le 8 septembre
La Colline aux livres, dans Page des libraires : « Les jeux de l’amour »
Du coup de foudre en séparations, en passant par toutes les étapes de la vie amoureuse, Hervé Le Tellier joue avec les sentiments et avec les mots.
THOMAS EST PSYCHANALYSTE. Il est près d’atteindre les 6o ans, a vécu très jeune un drame amoureux et vit depuis seul et replié sur son travail. II suit Anna depuis douze ans. Elle vient de lui annoncer qu’elle a rencontré quelqu’un, « un coup de foudre». Anna a bientôt 40 ans, elle est psychiatre, mariée à un chirurgien et a deux enfants. Elle vient donc de rencontrer Yves dans un dîner. Yves est écrivain, a une fille de 13 ans et vit avec Ariane depuis quelque temps, mais il la quittera pour «connaître à nouveau le vertige de la chute qu’il n’espérait plus retrouver». C’est aussi au cours d’un dîner que Thomas fera la connaissance de Louise, avocate, mariée et mère de deux enfants, qui s’apprête à quitter Romain, docteur en biologie et en linguistique. Mais elle n’arrive pas encore à le lui dire, ni à le lui écrire : «Ce n’est pas la première fois que je te trompe que j’ai envie d’un homme autre homme. C’est la première fois en fait que rien ne vient m’arrêter, que je n’envisage pas un instant de cesser de le voir. » Hervé Le Tellier va bien au-delà du simple chassé-croisé amoureux. Il retrace avec humour et sincérité l’art d’aimer au XXIe siècle. Il aurait très bien pu en rester là, mais l’écriture devient un jeu répondant à des règles bien précises… édictées par lui-même - à vous de les retrouver !
Coline Hugel, Librairie La Colline aux livres, Bergerac. Page des libraires, septembre 2009