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« Dès les premières pages, j’ai su que ce roman serait une belle découverte et un grand plaisir de lecture… »

Dès les premières pages, j’ai su que ce roman serait une belle découverte et un grand plaisir de lecture que je voudrais faire partager très vite.

Il y a un narrateur. Vincent Balmer a quarante ans en septembre 1985, il est le correspondant français à Lisbonne d’un journal dont la rédaction parisienne lui adjoint un jeune reporter photographe portugais pour couvrir un procès d’assises retentissant. Durant neuf journées bien remplies, Balmer va prendre méticuleusement des notes sur ses pérégrinations avec António Florès dans la capitale lusitanienne, sur leurs rencontres, et sur ce qu’il adviendra jour après jour d’une relation qui n’est peut-être pas si fortuite que ça. Vingt-six ans plus tard (aujourd’hui donc), Balmer reprend ses notes (un journal écrit au passé auquel il dit ne rien changer ou presque) et en fait un roman qui porte le nom d’une ligne de tramway aujourd’hui abandonnée à Lisbonne : l’Eléctrico W.

« Tous les mauvais romans se ressemblent, mais chaque bon roman l’est à sa façon. » (Epilogue, page 286)

Hélas, j’ai pas lu tous les livres… je serais peu crédible si j’assurais que celui-ci ne ressemble à aucun autre ! Je vais simplement tenter d’exprimer le charme (au sens magicien du terme) qui naît des décalages successifs et inattendus d’une histoire très sage au départ. La sérénité et la cohérence de la narration masquent longtemps la fragilité de Balmer, qui va se révéler peu à peu. 

Au début, on pourrait croire qu’António et « Canard » seront les héros principaux du roman de Vincent, tellement l’histoire de leurs amours enfantines contrariées est prégnante, triste et émouvante. Mais elle n’est en fait que le point de départ d’un enchaînement d’événements que Balmer se croit capable de maîtriser. Insatisfait et malheureux, jaloux du secret d’enfance que son jeune confrère lui a révélé, et qui rend António attirant et le fait exister, Vincent va vouloir mettre en scène sa revanche sur une vie médiocre. Il veut prendre la place de… du destin. J’ai hésité souvent entre la compassion et l’agacement devant les initiatives dramatico-comiques que le narrateur accumule. Le plaindre ou se moquer de lui ? Trop cassé ou trop con ? Naïf  ou prétentieux ? A la toute fin, un court paragraphe règle la question, lapidaire dans sa forme et profondément humain dans son sens. Le genre de révélation qui donne envie de recommencer la lecture d’un roman depuis le début, sur le champ, pour le lire autrement. Ce que j’ai fait.

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Tilly, le 30 août 2011

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Lisbonne la magnifique dans « Electrico W »

Roman d’amour et du souvenir, « Eléctrico W » de Hervé Le Tellier se déroule entièrement à Lisbonne. Une ville omniprésente dans un texte où la mémoire joue un grand rôle. Vincent, le narrateur, est journaliste pour un grand hebdomadaire français. Il est en poste depuis peu à Lisbonne. Essentiellement pour pour oublier son histoire d’amour parisienne avec Irène qui vient de s’achever. Durant une semaine, il est rejoint par un photographe, Antonio, originaire de Lisbonne. Les deux hommes vont se livrer au jeu des confidences. Antonio va donc raconter comment il a du abandonner son premier amour, une jeune fille surnommée Canard. Vincent, comme pour conjurer son propre désespoir sentimental, va tout faire pour retrouver Canard, reformer ce couple heureux s’étant rencontré sur la ligne du tramway Eléctrico W. Cela se complique quand l’amie actuelle d’Antonio vient le rejoindre à Lisbonne. Une fiancée qui n’est autre qu’Irène…

Hervé Le Tellier, membre de l’Oulipo, fervent admirateur de Pérec, a débuté ce roman il y a 20 ans. Il l’a longuement laissé mûrir, donnant aux années l’occasion de polir ces souvenirs. Les rencontres sont merveilleuses, la ville rayonnante et les situations cocasses. Le tout est bien plus qu’un guide amoureux de la capitale portugaise.

Michel Litout, le 30 août 2011

Lire l’article sur le blog de Michel Litout (serait-ce un pseudo) sur le site de l’Indépendant

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A bride abattue : « Un tramway qui ne roule pas sur des rails convenus »

J’avais beaucoup apprécié Assez parlé d’amour, dont j’ai tant regretté qu’il ne franchisse pas la barrière des présélections pour le Grand Prix des lectrices de ELLE en 2010.

J’ai embarqué sur l’Eléctrico W avec d’autant plus d’intérêt en reconnaissant ici et là le penchant oulipien de l’auteur qui ne peut se défendre d’écrire toujours en trompe-l’œil, même si beaucoup d’éléments sont exacts. A commencer par la biographie de Jaime Montestrela, page 35, écrivain et poète portugais, né le 12 juin 1925 à Lisbonne, mort à Paris le 8 novembre 1975, qui mériterait d’enrichir la page que Wikipédia lui consacre.

Eléctrico W pourrait être un nom de code. Mais pas tout à fait. A Lisbonne un eléctrico est synonyme de tramway. On les désigne non par des lettres mais par des nombres. Et il semblerait que la ligne W d’Hervé Le Tellier soit la pittoresque 28 qui justement effectue la traversée des quartiers historiques (Bairro Alto, Alfama, Graça).

Le prologue pourrait avoir été conçu a posteriori en guise d’explication. Mais non, ce sont bien les premières lignes du manuscrit. Il permet de s’installer dans la lecture comme un lever de rideau prépare le spectateur à une pièce plus conséquente.

L’avant-dernière phrase de l’épilogue a un air de déjà lu. Mais pas exactement. Il renverse le célèbre incipit que Léon Tolstoï a été bien inspiré d’écrire avant de démarrer Anna Karénine. « Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. »

Hervé le Tellier a mis vingt ans à terminer ce livre alors qu’il semble avoir été rédigé il y a quelques mois, d’une seule traite, et avec facilité. On lui fera donc le plaisir de prendre le récit au pied de la lettre, la W bien sur, même si le tramway qu’il veut nous faire prendre ne roule pas sur des rails convenus. Il nous offrira en cette rentrée un moyen de repartir en vacances en droite ligne au Portugal pour nous parler une nouvelle fois d’amour, évidemment, et au pluriel.

Hervé le Tellier sera au Livre sur la place à Nancy le week-end des 17 et 18 septembre prochains. Et je loupe encore une occasion de le rencontrer et de lui soutirer une dédicace !

Marie-Claire, le 30 aoüt

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