Cinq personnages (trois hommes, deux femmes), tous trentenaires, dans cette pièce grinçante sur la confusion des sentiments. Chloé veut fêter à Alex, le père de son futur enfant, son anniversaire. Elle invite Daniel, son frère aîné, et ses deux meilleurs amis, Nina et Bruno. A la suite d’une plaisanterie d’un goût discutable, la soirée tourne à un cruel jeu de la vérité.
La pièce La Bataille de Gergovie a été écrite en 2007 en collaboration avec le metteur en scène Rémi Chenylle.
Un extrait de la pièce :
Bruno : Tu saurais mentir à Alex ? Histoire de lui rendre la soirée inoubliable.
Dan : Mmm.
Bruno : Ecoute mon idée, elle m’est venue ce matin. Accroche-toi : on lui fait croire que tu as une histoire avec Charlotte.
Dan : Une histoire ?
Bruno : Oui. Une relation… amoureuse si tu préfères.
Dan : Je ne la sens pas du tout, ta blague.
Bruno : Elle ne te plaît pas, Charlotte ?
Un silence.
Dan : Pourquoi je ferais croire à Alex que Charlotte et moi… ?
Bruno : Une sorte d’épreuve de vérité.
Dan : Il y a tout de même un enfant dans les tuyaux…
Bruno : Depuis un mois… Raison de plus : c’est le moment où jamais de décaper les sentiments.
Dan : C’est violent, comme traitement…
Bruno : Et quand le gosse sera là, ça ne sera pas violent, peut-être ?
Un silence.
Dan : Personne n’y croira.
Bruno : Si… D’abord, tu es le seul d’entre nous à la voir encore.
Dan : Mais…
Bruno : Et puis, dans la vie, tout arrive. Tu sais quoi ?
Dan : Arrête avec ce tic, là, Bruno, ce « tu sais quoi ». On ne peut te répondre que « non ». C’est agaçant.
Bruno : Bon… un exemple de truc incroyable mais vrai : tu savais que le général De Gaulle avait couché avec Brigitte Bardot ?
Dan : Non ?
Bruno : C’était en octobre 1959, à Billancourt, pendant le tournage de La vérité, le film de Clouzot. De Gaulle visitait les studios et il a insisté pour rencontrer Bardot. C’est André Malraux qui les a surpris dans sa loge : elle était assise sur le général, elle gigotait en chantant la Marseillaise.
Dan : La Marseillaise…
Bruno : Je te jure que c’est vrai. Malraux en parle même dans ses Anti-mémoires. Juste avant l’édition, De Gaulle l’a supplié de supprimer le passage.
Dan : C’est dingue…
Bruno : Mais non, je te raconte n’importe quoi…