Adaptation d’un poème d’Oskar Pastior Oskar Pastior

  Autrefois, quand je m’endormais, le sommeil venait.

  Maintenant, quand le sommeil vient, je suis déjà endormi.

  Le sommeil vient plus tard. Je dors plus tôt maintenant.

 

  Quand je suis profondément endormi, il arrive que le sommeil

  quand il vient me réveille une fois encore avant

  que je redorme profondément. Autrefois c’était ainsi :

 

  je dormais, et le sommeil venait. Ce n’est qu’à mon réveil

  qu’il était parti – mon invité intranquille. Maintenant il

  vient puis s’en va un peu plus tranquillement pendant que je

 

  dors, et parfois il est soudain là quand

  je suis éveillé. Alors je me réveille et je vois qu‘il est là. Alors

  le sommeil court dans ma tête, comme maintenant,

 

  et je ne peux pas dormir avant qu’il parte : alors

  il faut qu’il vienne. Ainsi maintenant c’est très différent

  de ce que c’était. Il vient et va, je

 

  me réveille, je dors. Beaucoup de choses passent dans ma tête

  qui, et ce n’était pas le cas autrefois, sont de moins en moins

  comme du sommeil : lui aussi va et vient, lui aussi me réveille

 

  de temps en temps, pendant mes pensées regardent

  venir le sommeil d’avant le sommeil, cette tranquillité intranquille

  que ne connaît pas le sommeil, même quand je me réveille