L’amitié est une affaire de réseau. Si A et B sont vos amis, il est fort probable qu’ils soient aussi amis. Rares sont les réseaux d’amitié en étoile, encore moins en chaîne. Face de bouc, site de réseau social, vous propose de densifier votre réseau en vous suggérant des amis, qui sont des amis de vos amis, avec qui vous devriez vous entendre.
A Palo Alto, un seul point d’entrée chez Face de bouc : le lieu est clôturé, fermé. Bien différent en cela du campus ouvert de son concurrent, situé non loin de là à Mountain View. Chez Face de bouc, les procédures de sécurité sont sérieuses : pas de photo, pas de vidéo et pas de rapport (Non disclosure Agreement signé oblige). Il n’est pas interdit d’ouvrir les yeux.
Les salariés sont disposés sur des lignes de bureaux qui traversent en diagonale un immense open-space. Chacun n’a que deux voisins, un à sa droite, un à sa gauche. Aux extrémités, le réseau se réduit à un lien : un seul voisin. Une chaîne de collaborateurs devant leurs écrans, silencieux. A un bout de la chaîne, un colosse protège la rangée de tout contact avec les visiteurs.
Amitié et hospitalité font bonne alliance, en général. L’entreprise accueille ses visiteurs annoncés de longue date. La salle prévue est trop petite, l’entreprise envoie ses visiteurs ailleurs. L’ailleurs est un petit jardin, à l’arrière des bâtiments. L’espace est serré, les visiteurs s’installent sur les pentes recouvertes d’herbe. Les talons s’enfoncent, on peut difficilement s’assoir. L’un glisse et se retrouve par terre. On entend mal l’orateur. Soudain, les arrosages automatiques se mettent en marche, course rapide pour se mettre à l’abri.
L’intervenant poursuit son discours, imperturbable. Face de Bouc veut devenir le passage obligé sur l’internet, et détrôner ainsi le moteur de recherche, celui qui n’est pas si loin de chez eux. S’orienter sur la toile via ses « amis » plutôt qu’à travers des machines anonymes, le pari semble gagné. Aucun doute apparent sur cet avenir lumineux de conquête.
Le temps de la visite s’est écoulé. Les visiteurs encombrants ne retraverseront pas les bâtiments, ne repasseront pas par l’accueil. Ils sortiront par la porte de derrière, par la porte du jardin, guidés par un colosse aux fausses allures aimables.
Dans l’entreprise qui met la notion d’ami et de réseau au cœur de sa stratégie, les amis-visiteurs, sont mal accueillis, et les salariés ne travaillent pas en réseau mais à la chaîne dans des lignes de bureaux surveillées par des gorilles. Dedans / dehors : deux visions du monde.
Novembre 2009
A Palo Alto, un seul point d’entrée chez Face de bouc : le lieu est clôturé, fermé. Bien différent en cela du campus ouvert de son concurrent, situé non loin de là à Mountain View. Chez Face de bouc, les procédures de sécurité sont sérieuses : pas de photo, pas de vidéo et pas de rapport (Non disclosure Agreement signé oblige). Il n’est pas interdit d’ouvrir les yeux.
Les salariés sont disposés sur des lignes de bureaux qui traversent en diagonale un immense open-space. Chacun n’a que deux voisins, un à sa droite, un à sa gauche. Aux extrémités, le réseau se réduit à un lien : un seul voisin. Une chaîne de collaborateurs devant leurs écrans, silencieux. A un bout de la chaîne, un colosse protège la rangée de tout contact avec les visiteurs.
Amitié et hospitalité font bonne alliance, en général. L’entreprise accueille ses visiteurs annoncés de longue date. La salle prévue est trop petite, l’entreprise envoie ses visiteurs ailleurs. L’ailleurs est un petit jardin, à l’arrière des bâtiments. L’espace est serré, les visiteurs s’installent sur les pentes recouvertes d’herbe. Les talons s’enfoncent, on peut difficilement s’assoir. L’un glisse et se retrouve par terre. On entend mal l’orateur. Soudain, les arrosages automatiques se mettent en marche, course rapide pour se mettre à l’abri.
L’intervenant poursuit son discours, imperturbable. Face de Bouc veut devenir le passage obligé sur l’internet, et détrôner ainsi le moteur de recherche, celui qui n’est pas si loin de chez eux. S’orienter sur la toile via ses « amis » plutôt qu’à travers des machines anonymes, le pari semble gagné. Aucun doute apparent sur cet avenir lumineux de conquête.
Le temps de la visite s’est écoulé. Les visiteurs encombrants ne retraverseront pas les bâtiments, ne repasseront pas par l’accueil. Ils sortiront par la porte de derrière, par la porte du jardin, guidés par un colosse aux fausses allures aimables.
Dans l’entreprise qui met la notion d’ami et de réseau au cœur de sa stratégie, les amis-visiteurs, sont mal accueillis, et les salariés ne travaillent pas en réseau mais à la chaîne dans des lignes de bureaux surveillées par des gorilles. Dedans / dehors : deux visions du monde.
Novembre 2009
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Dedans |
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Lieu clôturé | Silence exigé | Photos interdites |
Contrôle sérieux | ||
Openspace immense | Bureaux alignés | Lignes distantes |
Chaînes gardées | ||
Ecrans absorbants | Yeux attachés | Humains silencieux |
Travailleurs enchaînés | ||
A peine dedans | ||
Et nous voilà dehors | ||
Sous le soleil | ||
Sur le béton | ||
Sous nos yeux | ||
Se déploie | ||
L’e[m]pire à venir | ||
Sortie arrière | Gorille hautain | Porte grillagée |
Salutations froides |
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Dehors |
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Réseau social | Evénements futurs | Actualités récentes |
Monde connecté | ||
Profil modifié | Amis ajoutés | Groupe rejoint |
Statut enrichi | ||
Photos publiées | Amis suggérés | Invitations reçues |
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Il vous a identifié(e) | ||
Amitié mesurée | Echanges équitables | Valeur partagée |
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