Cette série de douze piécettes a été écrite sur commande de la scène nationale Comédie de Reims et représentée en 1997, dans une mise en scène de Daniel Zerki.
LA CONVERSATION DES AUTRES
Ils sont tous deux assis au restaurant. Leur table jouxte celle d’un autre couple. Ils poursuivent une conversation.
LUI
… Et tu sais ce que Fernand n’a rien trouvé de mieux à faire ?
ELLE
Chut… Ecoute… Tais-toi un instant. Tu entends ?
LUI
Quoi ?
ELLE
Les gens à la table d’à côté. Ils parlaient de la conversation des deux types là-bas.
LUI
Et alors ?
ELLE
Ca m’énerve tellement, ces gens qui écoutent la conversation des autres.
* * *
AU BISTROT (à François Caradec)
Au zinc, Bernard et Paulo boivent un verre, le patron essuie le comptoir avec un torchon sale.
BERNARD (il rit)
Tiens, patron, tu t’es mis une machine à sous ? C’est pour les traites de la Mercedes ?
LE PATRON
Rigolez, rigolez. Les vrais clients, y-z-aiment ça, eux…
PAULO
Ben, et nous, on n’est pas des clients, nous, alors ?
Le patron ne répond pas et passe un coup sur le comptoir, machinalement.
BERNARD
Allez, fais pas la gueule, patron, montre-nous comment elle marche, ta machine : tu l’as testée, au moins ?
LE PATRON
Tiens, tu m’emmerdes, passe-moi cinq balles. (Bernard lui tend une pièce. Le patron la met dans sa poche) Voilà, t’as perdu. C’est comme ça qu’elle marche, la machine, connard.