Considérer un texte donné comme une « strophe » d’une quenine et compléter cette quenine serait une queninisation de ce texte…
… et serait une étape du programme général de queninisation de la littérature, élaboré par Ian Monk.
La quenine peut être de mètres, de mots-rimes, ou autre, à la convenance de l’auteur.
Exemples :
Le premier exemple est dû à Ian Monk et est une quenine de mètres. Un haïku est un poème de trois vers de 5, 7, 5 syllabes. La « haïquenine » (queninisation du haïku) est un poème formé de trois strophes de 5, 7, 5 // 5, 5, 7 // 7, 5, 5 syllabes. Voici une queninisation du yucca, selon Ian Monk :
les feuilles de yucca
caressent la peau du tambour
ongles vernis, chair
*
la haïquenine
s’en va à la chasse
mettant un pied devant l’autre
*
fougueusement ce poème
part puis ralentit
et se tait enfin
Voir Ian Monk, La queninisation du yucca, BO 181.
Les deux exemples suivants sont extraits du recueil Courir les rues, de RQ.
Le monostiche
Ce jour-là
J’acquis un timbre Proust au carré Marigny
est déjà queninisé (en mètres ou en mots-rimes). Moins trivialement, le poème (en six vers) (extrait du même recueil)
Square Louvois
Le jour de Munich je suis allé à la Bibliothèque Nationale
seul lecteur
hantant les 1155 mètres carrés du hall construit par Labrouste en 1868
un des premiers chefs-d’œuvre de l’architecture métallique
vingt ans plus tard Eiffel construisait sa tour
un an après c’était la guerre
est la dernière strophe de la sextine Guerres et paix sur les mots-rimes
nationale, lecteur, huit, métallique, tour, guerre.