i)

Ayant dérobé une porte, il l’emprunta

Pour disparaître dans les couloirs de la nuit

Au cabaret du néant la porte se dérobe

Il marchait dans le noir, sa porte sous le bras

Elle croisa son chemin sans chercher à le faire

Il lui ouvrit son huis, sans mot dire elle entra

Dans le noir du salon, d’un coup la déroba

Nue, elle attendait que viennent les caresses

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Quand les portes de nuit sont enfin grand-ouvertes

ii)

Il choisit de partir, laissant la porte ouverte

Les mains plaquées au corps, elle aussi l’emprunta

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Elle épousa son pas dans la maison de nuit

S’assurant que viendrait le moment des caresses

Au cabaret du néant la porte se dérobe

Dans le noir du salon, d’un coup la déroba

Sans un geste de trop en saisissant son bras

Il lui ouvrit son huis, sans mot dire elle entra

Décidée fermement à le lui laisser faire

iii)

Mais il y a dans la nuit tant d’autres choses à faire

Il faut planter la porte et la tenir ouverte

Il lui ouvrit son huis, sans mot dire elle entra

Un escalier s’ouvrit que, nue, elle emprunta

Elle libéra ses seins pour user de son bras

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Dans le noir du salon d’un coup la déroba

Marche après marche, s’enfonça dans la nuit

Au cabaret du néant la porte se dérobe

Sûre qu’au fond du trou se nichent les caresses

iv)

Il reprit, comme un très vieux projet qu’on caresse,

Sa porte. Dans l’escalier il devrait s’en défaire

Au cabaret du néant la porte se dérobe

Parvenu dans le trou il la maintient ouverte

Noire contre le noir, noire contre la nuit

Il ouvrit son huis, sans mot dire elle entra

Dans le noir du salon d’un coup la déroba

Plus nue que nue, et pourtant si peu empruntée

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Et qui déjà écarte les lèvres et les bras

v)

Dans le noir de la nuit, il vit la croix des bras

Blanc fantôme qu’une faible lueur caresse

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Il lui tendit la main, enfin, prêt à lui faire

Le geste de l’amour. Mais resta emprunté

Au cabaret du néant la porte se dérobe

Dans le noir du salon d’un coup la déroba

Elle était étendue, offerte et entr’ouverte

Elle ouvrit son huis, sans mot dire il entra

Pliant le rein, la tête, enfoncé dans sa nuit.

vi)

Que la lumière vienne du fond de cette nuit

Que le jour prenne enfin les amants dans ses bras

Il ouvrit son huis, sans mot dire elle entra

Et la lumière fut un cadeau de caresses

Se déversant par la porte grande ouverte

Comme la dérobée qui s’attend à l’amour

Dans le jour du salon d’un coup la déroba

La nue aussitôt des bras sut se défaire

Au cabaret du néant la robe se dérobe

Par la porte volée que l’amour emprunta.

 

 

 

Contraintes suivies: