mais son texte ne put être imprimé à temps, la composition du Compte rendu ayant dû être achevée un jour plus tôt que de coutume, pas parce qu’il fallait terminer avant l’entrée des Versaillais, mais peut-être parce que le Compte rendu paraissait normalement le dimanche et que les typographes ne travaillaient plus le dimanche, il paraîtrait, crut-on, dans le Compte rendu de la séance du 22 mai. Il attendit le 29 mai.At tuba terribili sonitu taratantara dixit
On parla aussi encore une fois de l’hiver terrible, cette fois dans le jardin des plantes de Montpellier, où il avait fait encore plus froid qu’à Paris, un physicien, Charles Emmanuel, encore lui, lut un long mémoire sur les mouvements des corps flottants dont S* ne manqua pas de retenir qu’il y a ceux que l’eau mouille et ceux qu’elle ne mouille pas, que l’on renvoya à une commission mais que l’on publia quand même, de même que l’on publia la suite d’un travail proposé le 1er mai sur les conditions générales dans lesquelles se produisent les phénomènes d’incandescence et d’un extrait d’une note sur un nouveau microscope dioptrique. On mentionna la soumission d’une étude sur l’insalubrité et l’assainissement des rivières à Saint-Denis mais on ne la publia pas, il devait y avoir un prix des arts insalubres, les arts insalubres sont ceux qui mettent en danger la santé des ouvriers – le prix en question fut décerné, l’année suivante, à un travail sur la ventilation des mines de charbon. De même que l’on ne publia pas la note de Zaliwski sur le rapport entre l’arithmétique et la géométrie, dont on invita Ossian Bonnet à prendre connaissance. Ossian Bonnet ne figurait pas parmi les dix-huit présents. Il avait signé la liste d’émargement juste avant Hermite le 27 mars et n’avait pas reparu depuis. Quant à Zaliwski, un amateur qui avait assisté à la séance précédente, c’est une lettre qu’il avait adressée cette fois, une lettre datée du 15 mai, soit la poste fonctionnait vraiment bien, soit il l’avait apportée, il habitait boulevard Haussmann, que la Commune avait décidé de renommer boulevard Victor Hugo, mais l’usage ne s’était pas établi.
La séance fut levée à cinq heures.
Le Journal Officiel du mercredi 17 mai publia parmi les faits divers, une information sur l’éclipse de soleil annulaire du 17 juin, visible seulement aux antipodes, malheureusement beaucoup trop tôt pour que les Communards qui seraient déportés en Nouvelle Calédonie pussent en profiter, le journal ne publia pas ce commentaire, comment l’eût-il pu, mais fit suivre l’éclipse lointaine d’une observation astronomique plus proche :
Il y avait donc des Parisiens qui regardaient le ciel la nuit, en ce temps-là? La nuit parisienne était-elle bien noire, surtout pendant une pénurie de gaz ? Et puis, dans un journal où l’on publiait beaucoup de proclamations datées de floréal an 79, on mesurait des distances en lieues ?On a pu remarquer, depuis quelques jours, deux astres dont l’éclat surpasse celui des étoiles les plus brillantes. Ce sont les planètes Jupiter et Vénus qui, le 12 de ce mois, se sont trouvées à la plus petite distance l’une de l’autre, phénomène qui se renouvelle environ tous les trois ans.
Quoique bien plus petite que Jupiter, qui est quinze cents fois plus gros que notre globe, Vénus paraît cependant, à l’œil nu, beaucoup plus grande, à cause de sa proximité de la Terre, dont elle égale à peu près le volume.
Un détail curieux à mentionner, c’est que ces deux planètes, qui semblent se toucher, sont éloignées l’une de l’autre de près de 200 millions de lieues seulement.
Le 16 mai 1871, à Paris, sous les obus versaillais, la science et la curiosité scientifique gardaient tout leur intérêt pour les Communards.
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Couverture : Comptes rendus de l’Académie des sciences
du 15 mai 1872
La figure du 15 mai :
= [A,T,N,F].