Cette nouvelle version, grâce à l’aide d’Yves Cunat.
Lors de l’écriture de la première version de ce texte, en 2010, j’avais bénéficié de tous mes « contacts » comme mathématicienne pour ce qui concernait l’Académie des sciences (le service des archives, avec ses listes d’émargement, ses comptes rendus, ses pochettes de séances, ses registres de comités secrets), les collègues académiciens, et même les commentaires de quelques historiens des sciences…
Par contre je me suis trouvée fort dépourvue quant à l’histoire de la Commune. J’avais lu, j’ai relu des livres, bien entendu, à commencer par celui de Lissagaray, j’en ai lu d’autres, j’ai trouvé la réimpression (versaillaise) du Journal Officiel sur Gallica – je n’avais pas compris (et comment l’aurais-je compris ?) la nature falsifiée de cette « source ». Tout ça a engendré des questions. J’ai essayé de les poser, ce qui veut dire que j’ai essayé de trouver des interlocuteurs à qui les poser, mais sans grand succès. J’ai fini par avoir un historien spécialiste au téléphone et il fut bien clair que mon projet ne le passionnait pas et mes questions, j’essayais notamment de comprendre, et je lui demandai donc « qui » était le journaliste « C. P. », pas vraiment non plus.
Bref…
Trois ans plus tard, presque par hasard, j’ai rencontré Yves Cunat, que cette question (qui était C. P.?) sembla intéresser. Et en effet, il s’est lancé, nous nous sommes lancés ensemble dans diverses investigations à ce sujet. Yves Cunat est un grand connaisseur de la Commune (et du mouvement ouvrier en général). J’ai enfin trouvé quelqu’un avec qui parler, à qui poser des questions, avec qui chercher des réponses.
Il est « le lecteur » qui intervient ici ou là, toujours de façon décisive, dans cette nouvelle version. Outre sa grande connaissance de (et son amour pour) la Commune, outre son goût pour la réflexion et la recherche, je dois signaler aussi la qualité des sources et des archives qu’il a réunies – et bien sûr la grande générosité avec laquelle il m’en a fait profiter.
Et puis, une petite satisfaction, en plus des chaînons manquants retrouvés grâce à son aide et à sa bibliothèque… La science et ses rapports avec la Commune ne passionnent peut-être pas tous les historiens universitaires, ils ne passionnent pas les éditeurs – j’avoue ne toujours pas avoir digéré le commentaire « atmosphère confinée » servi par l’un d’eux… Ces rapports avaient d’ailleurs été jugés incompréhensibles par des journalistes versaillais. Que de mépris… mais ils semblent pouvoir intéresser des ouvriers. Comme disait Lissagaray,
Le théorème de Pascal.
À l’origine de mon intérêt pour la question de ce que faisaient les scientifiques pendant la Commune de Paris, la citation de Lissagaray sur la séance du 15 mai, que j’avais déjà utilisée dans le livre Souvenirs sur Sofia Kovalevskaya et la lecture des Calendriers de Michelle Grangaud, qui mentionnent peu d’événements scientifiques et m’ont donné l’idée de lire les Comptes rendus de l’Académie des sciences du printemps 1871. Comme les lecteurs des Calendriers le savent, il n’est pas facile d’écrire « comme si de rien n’était » sur la barbarie, même s’il est indispensable, urgent, de le faire – par exemple, je me suis trouvée dans l’incapacité absolue de « raconter » les massacres, aux victimes desquels je voulais pourtant rendre hommage. Face à l’indicible, j’ai utilisé ici la distanciation par la Disparition. J’ai d’ailleurs trouvé de nombreuses phrases toutes prêtes dans les livres de Lissagaray, de Louise Michel, de Jules Vallès et même de Karl Marx (comme quoi…). Ce choix m’a entraînée à un court hommage particulier et différent aux femmes de la Commune. D’autres contraintes, plus ou moins visibles, m’ont aidée à écrire ce texte.
L’une d’elles est à peu près explicitée dans sa table des matières et au bas des « pages » du livre. L’idée d’utiliser le théorème de Pascal pour organiser ce récit m’est venue un jour où je lisais, simultanément, le Traité des coniques de Michel Chasles et Mon bel autocar de Jacques Jouet. L’énoncé et la démonstration du théorème qui guident les différents protagonistes sont ceux que l’on trouve dans mon livre Géométrie. La formulation de Chasles dans le Traité des coniques est plus élégante, tout simplement :
Questions ouvertes.
Une question (de détail) reste posée, que je me posais déjà lorsque j’ai commencé le travail de recherche qui a abouti à l’écriture de ce livre : qui a renseigné Lissagaray aussi précisément sur les qualités de mathématiciens de Joseph Bertrand ?
Une autre. Est-il possible d’écrire un lipogramme en e qui ne soit pas un plagiat de la Disparition ? (Ici le pastiche est revendiqué.)
Sources.
Sur la Commune de Paris,
tous les livres cités dans la page « bibliograhie », et en particulier, les deux livres de Lissagaray (c’est dans Les huit journées de mai derrière les barricades que j’ai copié la description du concert du 21 mai et les indications sur les positions des Versaillais à tel ou tel moment de la Semaine sanglante), les souvenirs de Louise Michel, La guerre civile en France, adresse de Karl Marx à l’Internationale, les petits livres de Jacques Rougerie, le livre de photographies d’Hippolyte Blancard, les comptes rendus des séances de la Commune (archives privées Yves Cunat),
les journaux, et précisément, le Journal Officiel de la Commune (archives privées Yves Cunat), et sa version prétendument réimprimée et authentiquement falsifiée (sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France), L’Illustration, janvier à juin 1871 (archives privées Yves Cunat), les Comptes rendus de l’Académie des sciences, et aux archives de cette institution les dossiers biographiques de certains des académiciens mentionnés, le registre des comités secrets, les pochettes des séances et les listes d’émargement,
l’abondante correspondance publiée de Charles Hermite, que j’ai souvent citée dans ce texte en commentaire d’ambiance, sans référence précise, et aussi pour les informations (pour lesquelles je l’ai cité) et pour quelques détails précis comme le parapluie d’Élie de Beaumont ou le cigare de Dombrowski, Gaston Darboux dans ses lettres à Jules Houël,
il y a beaucoup de citations non attribuées dans ce texte, les bouts-rimés viennent du livret de la Belle Hélène, de Meilhac et Halévy, L’empereur s’amuse de Victor Hugo, Le cygne de Baudelaire et Qu’est-ce pour nous mon cœur de Rimbaud ont été mis à contribution. Le papillon blanc qui apparaît ici ou là est un descendant de celui que Victor Hugo vit voleter sur la Scylla du faubourg du Temple en juin 1848, si l’on en croit le chapitre V.1.I des Misérables, les spécialistes auront sans doute reconnu, ici ou là, quelques allusions à des thèmes classiques, du train qui traverse la nuit et à l’avion au sorbet de l’amiral, qu’il serait un peu lourd de citer toutes, ainsi que des échos de chansons sur la Commune, qui me revenaient en tête au fur et à mesure que j’écrivais ce texte.
Je remercie Yves Cunat, pour ce que j’ai déjà mentionné, et pour son soutien amical, Étienne Ghys (de l’Académie des sciences) pour ses photographies, ses réponses, ses descriptions, ses évaluations (en nombre de pas), ses messages – une visite virtuelle grâce à laquelle ma frustration de n’avoir jamais pénétré dans la salle des séances a, au fil des semaines, cédé la place au plaisir de ce regard « par procuration », Norbert Verdier pour les informations qu’il m’a données ou qu’il m’a aidée à trouver, Jean Delcourt pour les renseignements sur Serret et sur l’École polytechnique, Jean-Louis Robert, historien spécialiste de la Commune, pour les réponses, même si elles ont plutôt été des non-réponses, qu’il a fournies à mes questions, le service des archives de l’Académie des sciences, en les personnes de Christiane Pavel, Claudine Pouret et Florence Greffe (conservateur en chef du patrimoine) pour tous les documents qu’elles sont allées me chercher et pour leurs réponses à mes questions, à l’Oulipo pour l’excellente ambiance de travail qui a favorisé la gestation de ce texte, à tous ses membres pour leur aide (consciente ou non), et en particulier à Frédéric Forte et Ian Monk pour la suggestion de lire Sorrentino, à ceux et celles qui ont amicalement lu une première version de ce texte pour leurs commentaires, et notamment à A. Bertaso, D. Gayet, C. Huyghe, à tous les lecteurs et lectrices de la version 2011 de ce texte que je ne peux nommer ici pour leur enthousiasme.
Lors de l’écriture de la première version de ce texte, en 2010, j’avais bénéficié de tous mes « contacts » comme mathématicienne pour ce qui concernait l’Académie des sciences (le service des archives, avec ses listes d’émargement, ses comptes rendus, ses pochettes de séances, ses registres de comités secrets), les collègues académiciens, et même les commentaires de quelques historiens des sciences…
Par contre je me suis trouvée fort dépourvue quant à l’histoire de la Commune. J’avais lu, j’ai relu des livres, bien entendu, à commencer par celui de Lissagaray, j’en ai lu d’autres, j’ai trouvé la réimpression (versaillaise) du Journal Officiel sur Gallica – je n’avais pas compris (et comment l’aurais-je compris ?) la nature falsifiée de cette « source ». Tout ça a engendré des questions. J’ai essayé de les poser, ce qui veut dire que j’ai essayé de trouver des interlocuteurs à qui les poser, mais sans grand succès. J’ai fini par avoir un historien spécialiste au téléphone et il fut bien clair que mon projet ne le passionnait pas et mes questions, j’essayais notamment de comprendre, et je lui demandai donc « qui » était le journaliste « C. P. », pas vraiment non plus.
Bref…
Trois ans plus tard, presque par hasard, j’ai rencontré Yves Cunat, que cette question (qui était C. P.?) sembla intéresser. Et en effet, il s’est lancé, nous nous sommes lancés ensemble dans diverses investigations à ce sujet. Yves Cunat est un grand connaisseur de la Commune (et du mouvement ouvrier en général). J’ai enfin trouvé quelqu’un avec qui parler, à qui poser des questions, avec qui chercher des réponses.
Il est « le lecteur » qui intervient ici ou là, toujours de façon décisive, dans cette nouvelle version. Outre sa grande connaissance de (et son amour pour) la Commune, outre son goût pour la réflexion et la recherche, je dois signaler aussi la qualité des sources et des archives qu’il a réunies – et bien sûr la grande générosité avec laquelle il m’en a fait profiter.
Et puis, une petite satisfaction, en plus des chaînons manquants retrouvés grâce à son aide et à sa bibliothèque… La science et ses rapports avec la Commune ne passionnent peut-être pas tous les historiens universitaires, ils ne passionnent pas les éditeurs – j’avoue ne toujours pas avoir digéré le commentaire « atmosphère confinée » servi par l’un d’eux… Ces rapports avaient d’ailleurs été jugés incompréhensibles par des journalistes versaillais. Que de mépris… mais ils semblent pouvoir intéresser des ouvriers. Comme disait Lissagaray,
Merci donc à Yves.ce ne sont pas les ouvriers qui ont dit : « La République n’a pas besoin de savants ».
Le théorème de Pascal.
À l’origine de mon intérêt pour la question de ce que faisaient les scientifiques pendant la Commune de Paris, la citation de Lissagaray sur la séance du 15 mai, que j’avais déjà utilisée dans le livre Souvenirs sur Sofia Kovalevskaya et la lecture des Calendriers de Michelle Grangaud, qui mentionnent peu d’événements scientifiques et m’ont donné l’idée de lire les Comptes rendus de l’Académie des sciences du printemps 1871. Comme les lecteurs des Calendriers le savent, il n’est pas facile d’écrire « comme si de rien n’était » sur la barbarie, même s’il est indispensable, urgent, de le faire – par exemple, je me suis trouvée dans l’incapacité absolue de « raconter » les massacres, aux victimes desquels je voulais pourtant rendre hommage. Face à l’indicible, j’ai utilisé ici la distanciation par la Disparition. J’ai d’ailleurs trouvé de nombreuses phrases toutes prêtes dans les livres de Lissagaray, de Louise Michel, de Jules Vallès et même de Karl Marx (comme quoi…). Ce choix m’a entraînée à un court hommage particulier et différent aux femmes de la Commune. D’autres contraintes, plus ou moins visibles, m’ont aidée à écrire ce texte.
L’une d’elles est à peu près explicitée dans sa table des matières et au bas des « pages » du livre. L’idée d’utiliser le théorème de Pascal pour organiser ce récit m’est venue un jour où je lisais, simultanément, le Traité des coniques de Michel Chasles et Mon bel autocar de Jacques Jouet. L’énoncé et la démonstration du théorème qui guident les différents protagonistes sont ceux que l’on trouve dans mon livre Géométrie. La formulation de Chasles dans le Traité des coniques est plus élégante, tout simplement :
Le cas de figure utilisé est celui où la conique est une ellipse, l’un des points de concours est à l’intérieur de cette ellipse et les deux autres à l’extérieur, ce qui correspond à la situation considérée dans ce livre, où je souhaitais que N (Newcomb) soit à l’intérieur et L et M (Lissagaray et, finalement, Kovalevskaya) soient à l’extérieur, et de même que S (le journaliste) soit à l’extérieur et T (les « fous ») à l’intérieur. D’autres cas auraient été possibles, tels ceux représentés ici.Quand un hexagone est inscrit dans une conique, les points de concours des trois couples de côtés opposés sont en ligne droite.
Questions ouvertes.
Une question (de détail) reste posée, que je me posais déjà lorsque j’ai commencé le travail de recherche qui a abouti à l’écriture de ce livre : qui a renseigné Lissagaray aussi précisément sur les qualités de mathématiciens de Joseph Bertrand ?
Une autre. Est-il possible d’écrire un lipogramme en e qui ne soit pas un plagiat de la Disparition ? (Ici le pastiche est revendiqué.)
Sources.
Sur la Commune de Paris,
tous les livres cités dans la page « bibliograhie », et en particulier, les deux livres de Lissagaray (c’est dans Les huit journées de mai derrière les barricades que j’ai copié la description du concert du 21 mai et les indications sur les positions des Versaillais à tel ou tel moment de la Semaine sanglante), les souvenirs de Louise Michel, La guerre civile en France, adresse de Karl Marx à l’Internationale, les petits livres de Jacques Rougerie, le livre de photographies d’Hippolyte Blancard, les comptes rendus des séances de la Commune (archives privées Yves Cunat),
les journaux, et précisément, le Journal Officiel de la Commune (archives privées Yves Cunat), et sa version prétendument réimprimée et authentiquement falsifiée (sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France), L’Illustration, janvier à juin 1871 (archives privées Yves Cunat), les Comptes rendus de l’Académie des sciences, et aux archives de cette institution les dossiers biographiques de certains des académiciens mentionnés, le registre des comités secrets, les pochettes des séances et les listes d’émargement,
l’abondante correspondance publiée de Charles Hermite, que j’ai souvent citée dans ce texte en commentaire d’ambiance, sans référence précise, et aussi pour les informations (pour lesquelles je l’ai cité) et pour quelques détails précis comme le parapluie d’Élie de Beaumont ou le cigare de Dombrowski, Gaston Darboux dans ses lettres à Jules Houël,
il y a beaucoup de citations non attribuées dans ce texte, les bouts-rimés viennent du livret de la Belle Hélène, de Meilhac et Halévy, L’empereur s’amuse de Victor Hugo, Le cygne de Baudelaire et Qu’est-ce pour nous mon cœur de Rimbaud ont été mis à contribution. Le papillon blanc qui apparaît ici ou là est un descendant de celui que Victor Hugo vit voleter sur la Scylla du faubourg du Temple en juin 1848, si l’on en croit le chapitre V.1.I des Misérables, les spécialistes auront sans doute reconnu, ici ou là, quelques allusions à des thèmes classiques, du train qui traverse la nuit et à l’avion au sorbet de l’amiral, qu’il serait un peu lourd de citer toutes, ainsi que des échos de chansons sur la Commune, qui me revenaient en tête au fur et à mesure que j’écrivais ce texte.
Je remercie Yves Cunat, pour ce que j’ai déjà mentionné, et pour son soutien amical, Étienne Ghys (de l’Académie des sciences) pour ses photographies, ses réponses, ses descriptions, ses évaluations (en nombre de pas), ses messages – une visite virtuelle grâce à laquelle ma frustration de n’avoir jamais pénétré dans la salle des séances a, au fil des semaines, cédé la place au plaisir de ce regard « par procuration », Norbert Verdier pour les informations qu’il m’a données ou qu’il m’a aidée à trouver, Jean Delcourt pour les renseignements sur Serret et sur l’École polytechnique, Jean-Louis Robert, historien spécialiste de la Commune, pour les réponses, même si elles ont plutôt été des non-réponses, qu’il a fournies à mes questions, le service des archives de l’Académie des sciences, en les personnes de Christiane Pavel, Claudine Pouret et Florence Greffe (conservateur en chef du patrimoine) pour tous les documents qu’elles sont allées me chercher et pour leurs réponses à mes questions, à l’Oulipo pour l’excellente ambiance de travail qui a favorisé la gestation de ce texte, à tous ses membres pour leur aide (consciente ou non), et en particulier à Frédéric Forte et Ian Monk pour la suggestion de lire Sorrentino, à ceux et celles qui ont amicalement lu une première version de ce texte pour leurs commentaires, et notamment à A. Bertaso, D. Gayet, C. Huyghe, à tous les lecteurs et lectrices de la version 2011 de ce texte que je ne peux nommer ici pour leur enthousiasme.
à suivre (mais oui)
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Couverture : mon bel autobus (le 76), photo MA
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