Définition : Deux mots d’égale longueur (de préférence antonymiques) sont réunis par une suite de mots qui ne se diffèrent l’un de l’autre que par une seule lettre. Voici l’exemple de Carroll :
HEAD
HEAL
TEAL
TELL
TALL
TAIL.
Note : L’Oulipo jusqu’à présent a désigné cette contrainte par ce terme. Pourtant dans les Exercices de Style (chapitre 11), logorallye signifie l’incorporation dans un texte d’un groupe de mots imposés, comme les bouts rimés en vers. Cette acception du mot me semble plus juste ; d’où ma suggestion provisoire d’échelle.
Définition suivant la contrainte (1er principe de Roubaud) :
LOSS
LOPS
LAPS
CAPS
GAPS
GAPE
GAZE
GAME
GAGE
(GAGA
GAIA !)
GAIN.
Définition exploitant une autre contrainte (palindrome de mots) :
WORD
WORE
LORE
LONE
LINE
LINK
LINE
LONE
LORE
WORE
WORD.
Exemple pédagogique :
L’intérêt de l’échelle est sa potentialité narrative.
Par exemple, à partir de l’exemple de Carroll (HEAD > TAIL) :
Son chef blessé n’était plus endolori ; il était sûr de s’être remis du coup cruel qu’on lui avait asséné. Pourtant un jour, lorsqu’il se baignait dans l’étang, un petit canard bleu s’approcha de lui à la nage et commença à lui parler dans sa propre langue. Ensuite l’oiseau l’accompagna sur la terre ferme, ses jambes devenant monstrueusement longues pendant qu’il le poursuivait à travers le bois.
On lui conseilla une convalescence prolongée.
Autres exemples littéraires : [voir Lewis Carroll, Complete Works, p. 1149 (1939 : Londres, Nonesuch Press)]
Liens avec les contraintes, qualification du lien :
− anagramme : conservation des lettres données, moins 1
− antonymie : entre le premier et dernier mot de l’échelle
contrainte du prisonnier, épithalame, lipogramme, poème
oligogrammatique : exclusion de lettres
− mesures : invariance de la longueur des mots
− séries : suite imposée