J. M. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de changer d’opinion sur quelques-uns des grands sujets dont vous ne voulez pas parler ? Si oui, dans quelles conditions ?
NON EXISTENCE DE DIEU
F. L. L. Oui, certainement, mais pas beaucoup. Par exemple, vers quatre ou cinq ans, j’étais mystique, je me levais la nuit et j’allais m’agenouiller sur les carreaux froids de la cuisine.
C’est un comportement monacal, je crois que c’était du mysticisme, mais j’ai oublié ce qui m’habitait à ce moment-là.
Vers ma douzième année, on m’a fait faire ma première communion.
J’allais donc au catéchisme, mais j’étais résolument athée et j’avais fait pour un de mes camarades un cahier où je donnais une douzaine de preuves de la non existence de Dieu. Je n’avais pas inventé mes preuves, elles étaient le résultat de mes lectures, c’était anti-Dieu. Par exemple, comment Dieu pourrait-il prédire l’avenir s’il est tout-puissant ? Il ne peut rien changer à ses décrets, etc. J’étais surtout devenu anti-clérical à ce moment-là – il faut dire que la lecture de Zevaco y était pour beaucoup. Depuis, je n’ai pas changé là-dessus. J’ai un peu affiné mes positions, bien sûr, j’ai vu au fond dans la croyance en Dieu quelque chose comme une perte de temps, un peu comme les discussions oiseuses.
J. M. Le pari de Pascal à l’envers.
F. L. L. Exactement. Je me suis rendu compte qu’il y a essentiellement deux choses dans les grandes religions révélées : quelque chose de nature « scientifique » : comment le monde s’est-il fait, et une chose « morale » : comment bien vivre. Ça m’a choqué de faire de Dieu le créateur du monde : créer l’univers seulement ! Ce n’est rien du tout si on est Dieu ! On continue de créer du dénombrable ! Je pensais que c’était très médiocre.
Mais j’aurais pu, avec cette idée, être tout de même encore croyant. Quant à l’aspect moral, je me suis rendu compte qu’il s’opposait à l’épanouissement de ma sensibilité et qu’en me débarrassant de Dieu, je vivrais beaucoup mieux et d’une manière beaucoup plus conforme à ma sensibilité. Je peux dire que depuis ma vingtième année j’ai toujours été athée de la même manière, et comme c’est une question à laquelle je ne pense pas, je n’ai même plus raffiné beaucoup.
J’ai complètement évacué Dieu. C’est de l’athéisme par volonté, je ne peux pas prouver que Dieu n’existe pas, ça n’a pas de sens de le démontrer.
NON EXISTENCE DE DIEU
F. L. L. Oui, certainement, mais pas beaucoup. Par exemple, vers quatre ou cinq ans, j’étais mystique, je me levais la nuit et j’allais m’agenouiller sur les carreaux froids de la cuisine.
C’est un comportement monacal, je crois que c’était du mysticisme, mais j’ai oublié ce qui m’habitait à ce moment-là.
Vers ma douzième année, on m’a fait faire ma première communion.
J’allais donc au catéchisme, mais j’étais résolument athée et j’avais fait pour un de mes camarades un cahier où je donnais une douzaine de preuves de la non existence de Dieu. Je n’avais pas inventé mes preuves, elles étaient le résultat de mes lectures, c’était anti-Dieu. Par exemple, comment Dieu pourrait-il prédire l’avenir s’il est tout-puissant ? Il ne peut rien changer à ses décrets, etc. J’étais surtout devenu anti-clérical à ce moment-là – il faut dire que la lecture de Zevaco y était pour beaucoup. Depuis, je n’ai pas changé là-dessus. J’ai un peu affiné mes positions, bien sûr, j’ai vu au fond dans la croyance en Dieu quelque chose comme une perte de temps, un peu comme les discussions oiseuses.
J. M. Le pari de Pascal à l’envers.
F. L. L. Exactement. Je me suis rendu compte qu’il y a essentiellement deux choses dans les grandes religions révélées : quelque chose de nature « scientifique » : comment le monde s’est-il fait, et une chose « morale » : comment bien vivre. Ça m’a choqué de faire de Dieu le créateur du monde : créer l’univers seulement ! Ce n’est rien du tout si on est Dieu ! On continue de créer du dénombrable ! Je pensais que c’était très médiocre.
Mais j’aurais pu, avec cette idée, être tout de même encore croyant. Quant à l’aspect moral, je me suis rendu compte qu’il s’opposait à l’épanouissement de ma sensibilité et qu’en me débarrassant de Dieu, je vivrais beaucoup mieux et d’une manière beaucoup plus conforme à ma sensibilité. Je peux dire que depuis ma vingtième année j’ai toujours été athée de la même manière, et comme c’est une question à laquelle je ne pense pas, je n’ai même plus raffiné beaucoup.
J’ai complètement évacué Dieu. C’est de l’athéisme par volonté, je ne peux pas prouver que Dieu n’existe pas, ça n’a pas de sens de le démontrer.