Pour en revenir à l’Histoire – on reviendra plus tard à la littérature populaire – j’ai toujours eu une passion de l’Histoire, j’ai gardé un contact avec des historiens. Là aussi ce qui m’intéressait, ce sont toutes les manières de la prendre, et qui se condamnent les unes les autres. J’aime beaucoup la petite Histoire, même au-delà du cas limite, dans les romans historiques qui trichent carrément avec la réalité – ils ne trichent peut-être pas tellement, ils ne gardent qu’une partie de l’essentiel – ne fut-ce que l’histoire de Hans et de Parkie ou de la girafe de Charles X. La très grande Histoire à l’autre extrémité n’est pas plus sérieuse.
C’est elle qui explique tout le déroulement de l’Histoire par un petit nombre de principes qui changent avec l’historien. Si on croit Bossuet, tout doit se terminer dans le triomphe du catholicisme, un autre, c’est la lutte des océans et des continents – cette grande Histoire m’intéresse aussi, comme un roman pas très sérieux mais plaisant. Et puis, il y a les choses plus sérieuses, notamment les dernières, l’Histoire quantitative avec Le Roy Ladurie, etc. Dans l’Histoire, ce qui m’a surtout intéressé, ce sont certaines époques. Là, je suis entré en contact avec les spécialistes pour en savoir plus.
Le Moyen Âge occidental m’a toujours fasciné. Je suis sûr que si j’avais vécu à cette époque-là, il me fascinerait beaucoup moins. Le Moyen Âge occidental part des invasions barbares et se termine dans la Renaissance, mais quelle que soit la période du Moyen Âge, elle a de grands inconvénients. Elle est très belle à raconter. J’ai bien connu aussi l’Histoire de la Chine. J’ai rencontré des spécialistes de l’un ou de l’autre, par exemple Péron. J’avais lu cinq ou six histoires de la guerre de cent ans, jusqu’au jour où je suis tombé sur celle de Péron : c’était la première qui ne se plaçait ni du point de vue anglais, ni du point de vue français. Ça m’avait tellement intéressé que j’ai pris contact avec lui et il était très heureux de trouver quelqu’un qui comprenait son point de vue. J’aurais voulu en faire autant pour l’histoire d’Italie que je connaissais assez bien, parce que dans l’histoire des rapports de la France et de l’Italie, la même bataille est une victoire italienne dans les livres d’école italiens et une victoire française dans les livres d’école français.
Garigliano, par exemple, qui a donné son nom à un pont de Paris – et c’est vrai que c’est une victoire dans les deux cas : dans un cas, l’armée de Charles VIII a pu s’échapper sans être exterminée, en laissant seulement armes et bagages, dans l’autre cas, victoire pour les Italiens.
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On pourrait se demander si la petite Histoire mérite la grande hache dont le tapuscrit la munit.
On pourrait aussi se demander ce qui a remplacé cet apprentissage de l’histoire par la lecture de Zevaco (et/ou de Dumas, etc.). MA
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