Entretiens avec François Le Lionnais Oulipo

F. L. L. Certes, mais je n’ai jamais attendu qu’on me donne un sujet pour faire des recherches de cet ordre, je m’en donnais à moi-même. Mes vraies études ne sont pas celles que j’ai faites en classe. Tout au long de ma vie, je me suis fixé des buts : à un certain moment, les religions hindoues, à un autre moment, l’histoire de la chimie, etc. Je me suis fixé des buts à moi-même, de sorte qu’au fond, j’avais les sujets de composition très longtemps à l’avance.



J. B. G. Comment avez-vous vécu le système scolaire et universitaire ?



F. L. L. Je l’ai vécu d’une manière très marginale. Je ne garde pas de souvenir important de mes professeurs, du secondaire ou du supérieur. Ils étaient tous plus ou moins de braves types, mais aucun ne m’a apporté quelque chose, ni dans le primaire, ni dans le secondaire, ni à l’université. Je me suis pratiquement formé tout seul, par la lecture, pour les connaissances, et par l’action dans la vie. Cette anecdote est plus intéressante pour moi que tel ou tel souvenir de telle ou telle classe ou de tel ou tel professeur qui ne m’ont pas laissé autant de choses que l’Irlande au XIXème siècle.



J. B. G. Voilà une critique radicale du système d’enseignement !



F. L. L. Oui, et cette critique, je l’adopte totalement. Il faut dire tout de même que j’étais un petit peu à part. Un meilleur système aurait sans doute mieux mordu sur moi, mais, de toute façon, j’avais quelque chose d’un peu sauvage, légèrement asocial, qui fait que tout cela a glissé sur moi sans laisser de trace. Je ne dois rien à l’enseignement officiel.


[7 avril 1976 – François Le Lionnais / Jean-Baptiste Grasset BANDE III . Face 1] F. L. L. J’ai fait mes études secondaires au Collège de Melun, devenu depuis lycée de Melun, pendant la première…