F. L. L. C’est juste. A priori, a posteriori, encore une vieille querelle. C’est la même chose en politique, par exemple.
Prenons les discussions qu’il y a en ce moment autour du plan Barre. La C. G.T., la C. F. D.T., la F. E. N. prennent une position et un autre syndicat, F. O., prend une position dont je crois deviner qu’elle n’est pas défavorable au plan Barre, c’est le moins qu’on puisse dire. Que nous dit monsieur Bergeron ? Avant la publication du plan, il nous disait qu’il ne pouvait pas juger avant d’avoir lu, comment messieurs Séguy ou Maire peuvent-ils condamner une chose qu’ils n’ont pas encore entendue ? Mais c’est Séguy et Maire qui ont raison ! Ils font un procès d’intention, ils disent, a priori, que c’est mauvais ; oui, mais à la suite d’un tas d’à posteriori, on commence à avoir des idées a priori.
Il y a un autre cas : Hitler s’empare de l’Autriche, s’empare de la Tchécoslovaquie, mais on dit en Angleterre et en France : “Qu’est-ce qui vous prouve qu’il va attaquer ?” Les anti-fascistes disaient : “On n’a pas besoin d’attendre, nous l’accusons à l’avance !” Il y a un a priori qui est un a posteriori.
Il y a une anecdote analogue aux échecs. Nimzovitch était un grand joueur, un des plus grands de tous les temps.
Il était très nerveux, et il ne pouvait pas supporter que l’on fume pendant qu’il jouait. Un jour, il jouait avec un autre très bon joueur, et celui-ci commence à sortir un cigare et le met sur la table à côté de lui. Nimzovitch donne des signes de nervosité. Puis, il sort une boîte d’allumettes.
Nimzovitch excédé, lui dit : “Je vous en prie, il est entendu qu’on ne doit pas fumer !
— Mais je n’ai pas fumé!
— Vous savez bien qu’aux échecs la menace est déjà quelque chose qui produit un effet.”