Un « sonnet alexandriniste » serait un sonnet dont je vois plusieurs modèles chez Queneau « L’alexandrinisme des origines à nos jours » et « Moisir dans la poussière » dans Le chien à la mandoline ; « Problème de cosmographie », dans Courir les rues  ; « Mes ancêtres » dans Fendre les flots  : le sonnet s’égaille ou s’égare dans des vers longs avant d’opérer une sorte de rétablissement par l’alexandrin. Une manière de « ne sortir [ce dernier] que peu, comme dit Mallarmé ?
 
voir aussi « Magie noire » et « Magie blanche » dans Les Ziaux, mais sans vraiment de rimes
 
voir aussi les sonnets en vers longs mais sans alexandrin, « Hommage à Clément Pansaers » et « Terre meuble » dans Le chien à la mandoline ; « Aller chercher au fond des mers… » dans Fendre les flots
 
voir aussi « Canada » dans Courir les rues pour le distique final ou « Palude » dans Battre la campagne ou « Ces mois » et « La brouette » dans Fendre les flots, mais ce ne sont pas des sonnets.
 
un exemple, que je propose :
 
 
 
Avenue Carnot, sonnet alexandriniste
 
 
Lorsque le soleil perce faiblement sur le côté de l’arc de Triomphe
que je vois de trois-quarts, derrière les arbres (ça l’améliore plutôt)
le « général et homme d’État », mais pas « de Science », dégonfle
comparativement pas mal de gloires voisines (je ne parle pas de Victor Hugo)
 
l’avenue est pentue, considérablement, et courte
si on la compare à ses pas moins de onze concurrentes en étoilisation
et vient buter sur un bar à vins, L’Écluse (à la carte une tourte)
l’étroite rue d’Armaillé pouvant évoquer une écluse, par association.
 
Compte des paulownias : ils sont soixante-cinq
des platanes : kèkzuns, évaluation succincte
que Carnot me pardonne au nom d’une injonction
 
biographique mineure et qui plus est lointaine
à savoir qu’en son temps je vis le jour sans peine
et vécus rue Carnot, à Viry-Châtillon.