Michèle Audin

Je me souviens de

Je n’ai pas de souvenir d’enfance.

Et de

C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir


car en effet, il y a des souvenirs dans ce texte ; les mots de cette famille, le verbe conjugué en particulier, sont probablement les mots qui y sont le plus employés. Collectionner les plans de villes, c’est fabriquer une machine à faire ressurgir les souvenirs. Écrire un tel texte aussi.

Il y a aussi, dans l’intimité et dans la durée d’un dialogue ininterrompu, des souvenirs si émouvants, si forts, qu’ils traversent les frontières entre les acteurs de ce dialogue. Fiordiligi se souvient, et ce souvenir en fait ressurgir des impressions physiques, la chaleur, la foule, le son lui-même dans le silence recueilli, le violoniste David Oistrakh jouant la chaconne de Bach, un bis d’un concert à Menton, Guglielmo adolescent y était, bien avant qu’ils ne fassent connaissance elle et lui, et elle s’en souvient, elle, avec précision et émotion.

19 mars 2015
(à suivre)

$\Rightarrow$  jour, Monaco