Michèle Audin

Au rêve d’un paysage unique illustrant tous les mots de la géographie, du glacier à l’océan en passant par le désert et la pampa, répond celui d’un paysage urbain, avec ses affiches publicitaires, ses alignements, ses allées plantées d’arbres, ses arcs de triomphe, ses arrêts d’autobus (avec ou sans abribus), ses avenues, ses bancs publics, ses bateaux-mouches, ses beffrois, ses bennes à ordures, ses boulevards, ses cabines téléphoniques, ses cafés et leurs terrasses, ses caniveaux et leurs déchets canins, ses clochers, ses coupoles, ses édifices publics, ses escaliers, ses feux de signalisation, ses gares, ses gratte-ciels, ses grilles autour des arbres, ses grues, ses horloges, ses horodateurs, ses hôtels particuliers, ses kiosques, ses lampadaires, ses minarets, ses monuments, ses musées, ses panneaux, ses pavés, ses perspectives grandioses, ses pistes cyclables, ses places, ses plaques commémoratives, ses ponts, ses poubelles, ses regards d’égouts, ses rues, ses stations de métro, ses statues, ses taxis, ses toilettes publiques, ses tours, ses tramways, ses trottoirs, ses usines de traitement des ordures, ses vélos…

Non ! Arrête ! Ça ne marche pas. Tout ce que dont tu fais la liste a besoin d’hommes et de femmes pour le faire fonctionner, pour le faire exister…

Paysage urbain. Debout au milieu du pont du Carrousel, à Paris, ils regardent vers l’est. Comme dans un poème d’Apollinaire, l’angoisse de l’amour leur serre le gosier.

3 janvier 2015
(à suivre)


PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.