Michèle Audin

À Namur ni Fiordiligi ni Guglielmo ne sont allés et aucun plan de cette ville ne se trouve dans aucune des trois boîtes de chaussures, même mal rangé. Pourtant, le siège de Namur est quelque chose, mais peut-on dire qu’un siège est une chose, surtout si ce siège n’est pas une chaise, car il y a siège et siège, qu’on se le dise le siège de Namur n’a rien à voir avec un tabouret de Barr, on doit quand même pouvoir dire quelque chose pour cette chose qu’est un siège, le siège de Namur, donc, est quelque chose dont Fiordiligi aimerait qu’il soit question dans ce texte.

De quel siège de Namur aimerait-elle qu’il soit question, voilà qui pourrait être un sujet de discussions, car elle en a subi, des sièges, le féminin utilisé ici, c’est-à-dire le pronom elle, fait référence à la ville de Namur, car il n’y a aucun doute que les villes sont toutes des entités féminines, Namur comme Diomira, Isidora, Zirma ou Venise, ni plus ni moins, féminine ou pas, Namur a subi des sièges en pagaille, une pagaille de sièges, comme dans cette vie antérieure de Fiordiligi où les étudiants avaient entassé devant leur université toutes les chaises qu’ils avaient pu trouver dans les salles de cours, le printemps des chaises, ils avaient appelé ça, il faisait pourtant un froid de canard et un fin grésil était tombé sur les chaises transies, ce qui avait beaucoup énervé les administrateurs, présidents et autres chefaillons, on ne plaisante pas avec le matériel en général et les chaises en particulier, et des bruits avaient couru sur le prix d’une chaise, et sur ce que ce printemps allait coûter aux étudiants, ah, on était loin d’un autre mai, et les étudiants avaient rentré les chaises, les avaient soigneusement alignées dans les salles de cours, et la vie avait repris, si on peut appeler ça une vie, comme avant ce soi-disant printemps, en pire, forcément, fin de la pagaille

et chacun est rentré chez son automobile,

comme disait l’autre, et il est bien trop tard pour que cette référence-là soit décryptée, alors débrouillez-vous avec ça, c’est une chanson, mais Paris-mai. Et ne croyez pas que ce printemps des chaises, une vieille histoire d’une vie antérieure, soit arrivé là par hasard, sous la bille du stylo (qui est marron, aujourd’hui, mais nous en reparlerons, utiliser une parenthèse est encore une sorte de triche), le rangement des chaises et la remise au pas des manifestants, par eux-mêmes pourrait-on dire, font partie de l’histoire de Fiordiligi, et vous seriez bien avisés de ne pas l’oublier : il n’est pas vrai que toutes les digressions soient hors-sujet. Peut-être sont-elles mêmes au contraire le cœur du sujet.

Et ton image ?
Encore une digression.
 
23 mars 2015
(à suivre)

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.