Vous qui savez avec certitude qu’il y a, au coeur du mot savez, comme au cœur du mot navet, et comme d’ailleurs aussi en tête du mot avec, une très fameuse salutation latine, adressée parfois à une vierge qui fut mère,
vous qui, sans aucunement vous désespérer, avez su repérer, au sein précisément du mot repérer, comme d’ailleurs au sein du mot désespérer, la présence d’un géniteur (celui-là même peut-être qui rendit mère la vierge ci-dessus évoquée),
vous n’aurez sans doute aucune difficulté à deviner quelle boisson, particulièrement chère aux Français, et qu’on tire en général du raisin, se laisse voir (en attendant de se laisser boire) dans devinez,
et vous devinerez encore quel assemblage d’êtres humains unis par une commune appartenance apparaît quand on procède à l’examen attentif du mot divination.
Mais si vous y parvenez, trouverez-vous aussi aisément la formule hébraïque sur laquelle s’achèvent bien des prières, et qui se présente tout naturellement à vous au terme de votre examen ?
Vous voyez, ce n’est en fin de compte pas si difficile.
Vous avez compris comment cela fonctionne.
C’est le principe de ce que j’ai appelé la « surdéfinition » : un mot est défini doublement, à la fois par son sens et par sa présence à l’intérieur d’un autre mot. Ainsi un ami est un proche qui fait partie de la famille.
Vous allez donc désormais pouvoir trouver sans peine à quoi correspondent les surdéfinitions suivantes :
Un refuge au milieu d’un cabriolet (abri)
Une voûte à l’entrée de l’archevêché (arche)
Une provocation en tête d’un défilé (défi)
Un certain trouble dans la mémoire (émoi)
Un enseignement qu’on reçoit en caleçon (leçon)
Une longue bande de fer dans les entrailles (rail)
Un gamin de Paris en pleine répétition (titi)
Un creux au milieu de l’évidence (vide)
Un gros défaut dans le service (vice)
Et pour finir, en cette période de morosité générale :
Une vieille nation européenne au bout de la souffrance (France)