Sont présentées ici quelques contraintes oulipiennes. Cette liste ne prétend pas être exhaustive. Dans certains cas, on donne une définition et, si possible, un exemple. Pour plus de détails, le lecteur pourra consulter les divers ouvrages signés Oulipo qui sont recensés dans la Bibliographie.
Abécédaire texte où les initiales des mots successifs suivent l’ordre alphabétique. Exemple : Inventaire : A brader : cinq danseuses en froufrou (grassouillettes), huit ingénues (joueuses) kleptomanes le matin, neuf (onze peut-être) quadragénaires rabougries, six travailleuses, une valeureuse walkyrie, x yuppies (zélées)
Acronyme groupe d’initiales abréviatives (HLM est l’acronyme de “ Habitation à Loyer Modéré ”). Exercice : choisir un mot, et le traiter comme s’il était un acronyme, en prenant soin de multiplier et de varier les propositions, par exemple en explorant successivement des champs sémantiques différents.
Acrostiche universel A partir d’un nom ou d’un mot donné, l’acrostiche est un poème qui compte autant de vers que ce mot compte de lettres, et dont le premier vers commence par la première lettre du mot, le deuxième par la deuxième, et ainsi de suite. Les variations classiques et oulipiennes sur l’acrostiche sont abondantes et toutes estimables : initial, final, interne, multiples, en croix, en large et en travers. Avec seulement vingt-six vers dont les initiales épuisent l’ordre alphabétique, l’acrostiche universel permet d’en composer pour toutes les occasions imaginables.
Alexandrin greffé “ Sur le vide papier sont les chants les plus beaux ” Mallurset.
Ce vers a été obtenu en greffant un hémistiche emprunté à un alexandrin de Mallarmé sur un hémistiche emprunté à un alexandrin de Musset, d’où le nom de Mallurset, affecté à son auteur supposé. Le procédé de la greffe permet de composer à foison des alexandrins parfaitement originaux et parfaitement classiques.
Exemples :
À quatre pas d’ici sont les chants les plus beaux.
On apprend à hurler le soir au fond des bois
Extension : On peut ne pas se limiter au monostique, et étendre l’exercice à un poème entier. Voici une version nouvelle du sonnet de Rimbaud “ Le dormeur du val ”.
“ C’est un trou de verdure et le premier en France
Accrochant follement des feuilles et des branches
D’argent ; où le soleil étrange et pénétrant
Luit ; c’est un petit val que la blancheur défend.
Un soldat jeune, bouche au sourire si doux
Et la nuque baignant du sommeil de la terre
Dort ; il est étendu sous l’écorce des pierres
Pâle dans son lit vert qui ne bat que pour vous.
Les pieds dans les glaïeuls, comme un vol de gerfauts,
Sourirait un enfant sur des pensers nouveaux.
Nature, berce-le, cet âge est sans pitié.
Les parfums ne font pas cette obscure clarté.
Il dort dans le soleil, ô rage, ô désespoir
Tranquille. Il a deux trous qui reviennent le soir ”
Cf langage cuit
Alexandrin jouetien. Le vers de Baudelaire “ laissent piteusement leurs grandes ailes blanches ” a quatre e muets comptés. Un alexandrin classique ne peut pas en compter plus. On ne peut pas en trouver aux positions 1, 6,7 et 12 du vers. Il ne peut y en avoir successivement deux. La place des e muets comptés dans un alexandrin classique détermine 64 types de vers. Si T est un de ces types, on nomme un vers où les e sont ainsi placés alexandrin jouetien. Un vers qui a quatre e muets comptés se nomme alexandrin jouetien maximal.
Alexandrin oral. Vers qui est compté 12 en tenant compte des spécificités de la prononciation orale.
Algorithme de Mathews Machine de production de textes opérant sur deux (au moins) ensembles d’éléments linguistiques hétérogènes. On ne décrira ici qu’un exemple littéral simple. Soit le tableau des quatre mots de quatre lettres suivant :
1 2 3 4
1 C I R E
2 M U R E
3 P A V E
4 R A L E
On applique à chaque ligne du tableau une permutation différente. Permutation identique pour la ligne 1, permutation circulaire vers la gauche pour la ligne 2, permutation circulaire répétée pour la ligne 3, répétée deux fois pour la dernière ligne. On obtient le nouveau tableau
C I R E
U R E M
V E P A
E R A L
La lecture du résultat s’effectue en parcourant les colonnes du tableau à partir de l’élément distingué (en italiques). On obtient les mots : cuve, rire, pare, mâle
Il y a de nombreuses variantes
Alva ou Alexandrin de Longueur Variable. Si, dans un alexandrin classique, on choisit de ne pas compter des ‘e muets’ non élidés, le vers raccourcit. Si on a recours a des élisions plus brutales, il raccourcit encore.
Ex : soit le vers de Racine (Phèdre) : Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée.
Par élisions successives on peut lui donner la longueur 11 : Oui, prince, je languis, je brûl’ pour Thésée ; puis la longueur 10 : Oui, princ’, je languis, je brûl’ pour Thésée ; puis 9 : : Oui, princ’, j’ languis, je brûl’ pour Thésée ; et enfin 8 : : Oui, princ’, j’ languis, je brûl’ pour Thésée.
On peut également jouer sur des synérèses et diérèses pour faire varier encore plus la ‘longueur’ du vers.
Anaérobie – En asphyxiant un texte, c’est à dire en le privant d’r, on obtient un autre texte qui est dit anaérobie du premier. L’asphyxie est phonétique et non graphique
Ex : cette rosse amorale a fait crouler le parterre (cet os à moelle a fait couler le pâté)
Opération inverse : l’aération.
Variante : au lieu de priver un texte d’r, on peut lui rogner les l ou le mettre au régime sans t.
Anagramme L’anagramme fait permuter les lettres d’un ou de plusieurs mots, de façon à former un ou plusieurs autres mots : “ ami ” est l’anagramme de “ mai ”.
Un poème anagrammatique est un poème dont tous les vers successifs sont composés avec les mêmes lettres, mises chaque fois dans un ordre différent.
Antérime. Rime que l’on place au début des vers (comme le bout rimé, c’est une production de ‘plagiaires par anticipation’). A.-M. S. a composé, en l’honneur de F. L. L. un dizain saphique à rimes initiales et terminales. Les deux derniers vers sont :
Tandis qu’issu du monstre un parfum d’océan
Tend, discret, à masquer leur fumet malséant
Antirime – cette contrainte découle naturellement de la définition de l’antiphonème dont les traits distinctifs sont des complémentaires de ceux du phonème. L’antirime associe deux vers dont le second se termine par un ou des antiphonèmes des phonèmes qui achèvent le premier.
Aphorime cf Locurime
Aphorisme
“ Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup en rapproche ” : cette formule a été forgée par Jean Jaurès à partir d’un aphorisme de lord Bacon “ un peu de philosophie éloigne de Dieu, beaucoup y ramène ”. Sur ce modèle, on peut multiplier à l’infini la production d’aphorismes. Méthode : on conserve le moule (la structure syntaxique) d’un aphorisme de départ, mais certains éléments (substantifs, verbes, adjectifs, adverbes) sont remplacés par d’autres de même nature.
Un peu de haine éloigne de l’amour, beaucoup en rapproche.
Extension : Ces nouveaux éléments pourront être puisés dans le lexique d’un domaine préalablement déterminé. Ex 1 : domaine amoureux : L’amour est aisé, l’humour est difficile. Un peu d’érotisme éloigne de l’héroïsme, beaucoup en rapproche. L’amour et la mort ont leurs bornes, l’humour est inépuisable. Ex 2 : vocabulaire du métro parisien : La nation, c’est la concorde devenue visible. La république est la continuation de la nation par d’autres moyens La liberté est une maladie dont la bastille est le remède.
Voir Langage cuit
A+7 cf S+7
Arbre à théâtre cf Littérature en graphe
Arbres et arborescence cf Littérature en graphe
Avalanche cf Boule de neige
Avion dans le mot abréviation apparaissent, dans le même ordre, celles du mot avion. L’avion d’un texte est le deuxième texte obtenu en supprimant certaines lettres dans le premier.
Baobab -
Le mot baobab donne son nom à cette contrainte. Ecrivons le :
ba-o-ba-b
Les premier et troisième morceaux de cette décomposition évoquent le mot “ bas” ; le second rappelle “ haut ” ; et le quatrième rien. On peut prononcer le mot à trois voix : l’une dit ba (sur un ton bas, par exemple) ; une autre o (sur un ton haut, si on veut) ; et la troisième dit b (sur un ton moyen, entre haut et bas, par exemple).
Un “ baobab ” sur le mot baobab sera un texte saturé en syllabes contenant haut et bas. Il est destiné, en principe, à une lecture à trois voix, qui se répartissent les syllabes.
Plus généralement, un texte saturé en syllabes contenant soit vrai soit faux (ou les deux ?) sera un baobab sur le vrai et le faux.
On peut choisir d’autres couples : long/court ; si/non ; etc. On peut composer des baobabs sur les notes de musique, sur des cris d’animaux, qui seront exécutés à plusieurs voix.
Il y a deux sortes de baobabs :
a) le baobab ordinaire, ou à contrainte molle, où la seule exigence est de fourrer le plus possible de syllabes caractéristiques dans le texte.
Voici un baobab entomologiste sur pou et tique, qui peut être mimé :
Je voudrais partir.
Quitter
la poussière des villes frénétiques,
l’odeur épouvantables des poubelles aromatiques,
les poulaillers pathétiques
les poudding au goût de plastiques […]
b) le baobab strict, où, par exemple sur le mot “ baobab ”, chaque occurrence de la syllabe o doit être accompagnée d’une occurrence de la syllabe ba ayant le même contexte (à gauche ou à droite, ou de part et d’autre).
Il y a Othon avec son bâton. Il y a Otto avec son bateau.
Ah quel chaos dans le cabas.
Ces barriques sont théoriques
Vas-donc, bâtard du tarot !
Belle absente, Bel absent : poème composé en l’honneur d’une personne d’un sexe ou de l’autre. Le poème comporte autant de vers que les lettres du nom de la (ou du) destinataire (comme dans l’acrostiche). L’on s’interdit d’utiliser dans le premier vers la première lettre du nom, dans le deuxième vers la deuxième lettre, et ainsi de suite. Toutes les autres lettres doivent au contraire être présentes dans chaque vers
Extension : L’autre belle absente. Choisir un mot. Parler, en une seule phrase, de ce mot, tout en évoquant de ce qu’il deviendrait si on lui rajoutait une lettre absente, les vingt-cinq autres étant, au moins une fois, présentes dans le texte.
Belle présente, Beau présent, : un “ beau présent ” (resp. “ belle présente ”) est un poème (resp. une poésie) composée en l’honneur d’une personne d’un sexe ou un autre, chérie ou détestée. Chaque vers est écrit en n’utilisant que les lettres du nom du (resp. de la) destinataire.
Les beaux présents et belles présentes sont recommandés pour les anniversaires, les remises de décorations, les lettres d’insultes et autres occasions festives.
Cas particulier : l’Epithalame oulipien texte de circonstance composé à l’occasion d’un mariage , offert en présent aux mariés est construit à partir des seules lettres de leurs noms réunis.
Par extension et abus de langage, l’épithalame oulipien peut être utilisé en cas de fiançailles ou de pacs.
Variante 1 : La contrainte “ littérale ” prend en charge la contrainte “ sémantique ” de l’épithalame : comme dans le mariage qui est fusion et échange, les “ lettres ” des époux vont se fondre et s’échanger. Une à une, le marié et la mariée vont se donner leurs lettres non communes, jusqu’à n’être plus qu’une langue, et qu’un corps.
Variante 2 : Dans cette variante, le poème est composé de trois strophes : dans la première, seules les lettres d’un des deux noms sont utilisées ; dans la deuxième, celles du deuxième nom. Les lettres des deux mariés sont alors unies pour une troisième strophe.
Bibliothèques virtuelles ces bibliothèques rassemblent des livres dont les titres satisfont à des contraintes.
Ex : une bibliothèque ordonnée contient des livres dont le titre contient un nombre entier.
Bord de poème Un poème en vers étant donné, le bord de ce poème est obtenu en prenant les premier vers, le dernier vers, le premier mot de chacun des autres vers et la liste obtenue en prenant le dernier mot de chacun des autres vers.
Boule de neige – une boule de neige de longueur n est un poème dont le premier vers est fait d’un mot d’une lettre, le second d’un mot de deux lettres, etc…. Le nième vers a n lettres. Une boule de neige fondante commence par un vers de n lettres, après quoi le nombre des lettres diminue d’une unité à chaque vers.
Il existe des boules de neige métriques (Victor Hugo : les Djinns), des boules de neige de
mots, …
Avalanche – Une avalanche de poids n est une boule de neige de longueur 1, suivie d’un e boule de neige de longueur 2, etc., jusqu’à une boule de neige de longueur n.
Bris de mots cf oblique
Caradec - la méthode Caradec : il s’agit d’une chaîne de S+7 le long de laquelle on parcourt un dictionnaire de 7 en 7 substantifs.
Exemple :Le souvenir de Jean Queval (extraits)
Il pleuvait.
Je vis entrer Jean Queval
dans un cabriolet de la rougeur du bain,
dans le cachalot de la roulure du baigneur,
dans le cache-sexe de la roussette du bagnard,
dans le cacique de la routine du bafouillage,
dans le cadeau de la royauté du badaud,
dans le cadre de la rubrique du bacille,
dans un petit café de la rue du Bac.
Il portait, je le revois encore,
sur la tentacule une vaccination,
sur la tératologie une vacuité,
sur la terminaison une vaginite,
sur la terrasse une vaguelette,
sur la terrine une vaillance,
sur la tessiture une valériane,
bref, il portait sur la tête une valise.
Carré lescurien cf Poème carré
Cent mille milliards de poèmes est le titre du premier ouvrage oulipien, dû à R. Q. Il le présente ainsi : “ J’ai conçu – et réalisé – ce petit ouvrage qui permet à tout un chacun de composer à volonté cent mille milliards de sonnets… ”
Il y a pour commencer dix sonnets. Chacun a quatorze vers. Pour composer un sonnet nouveau (un des cent mille milliards) on prend n’importe quel premier vers d’un des dix sonnets de base. On le fait suivre de n ‘importe quel second vers, puis de n’importe quel troisième ; et ainsi de suite. Il y a dix choix indépendants pour un premier vers. Pour chacun d’eux, dix choix indépendants de second vers ; ce qui donne dix fois dix (100) possibilités. Avec le troisième vers, on a 1000 choix possibles ; ensuite 10 000, 100 0000, enfin cent mille milliards en choisissant le quatorzième et dernier vers.
Bien entendu, les rimes et les structures syntaxiques sont compatibles.
La contrainte cmmp (‘Cent mille milliards )‘ a été expérimentée par l’Oulipo sur : rondeaux, ballades, chant-royaux, pantoums, etc ; dizains ; cartes postales ; recettes de cuisine ; menus de restaurant, ….
Chimère Soit un texte-source T : on le vide de ses substantifs, de ses adjectifs, et de ses verbes, en marquant toutefois la place de chaque substantif, adjectif et verbe. Le résultat s’appelle un “ moule ”. On dit aussi que le texte est préparé.
Soient alors trois textes-cibles, S, A, V : on extrait les substantifs de S, les adjectifs de A, les verbes de V. Reprenant le texte préparé T on remplace les substantifs supprimés dans T par les substantifs de S, dans l’ordre où ils ont été extraits ; même opération pour les adjectifs de A et les verbes de V. Après avoir rectifié, aussi peu que possible, pour éliminer certaines incompatibilités, on aboutit à un texte accommodé, ou chimère.
Exemple :
Texte T - Campagne (Blaise Cendrars. Kodak)
Paysage magnifique
Verdoyantes forêts de sapins de hêtres de châtaigniers coupées de florissantes cultures de blé
d’avoine de sarrasin de chanvre
Tout respire l’abondance […].
Texte S – Sören Kiirkegaard. Le concept d’ironie
S’il est une chose dont il faut louer le courant philosophique moderne en sa superbe assurance, c’est assurément la géniale puissance avec laquelle il saisit et garde le phénomène. Et s’il convient au phénomène, comme tel toujours foemini generis (du genre féminin), de céder au plus fort par suite de cette nature féminine, on peut également à bon droit exiger du chevalier philosophe un décent respect et une exaltation profonde […].
Texte A – Arno Schmidt, Paysage lacustre avec Pocahontas
Rattata Rattata Rattata. / Un temps les filles eurent toutes des cercles noirs à la place des yeux, faces de chouettes mondaines barrées d’entailles rouge feu : Rattata./ pâturages dans la vallée de la Kyll.[…].
Texte V – Simone Lemoine, Le manuel pratique du relieur
Méthode. Ouvrir la couverture de brochure et, maintenant le premier feuillet ou garde de la main droite, dégager cette couverture aussi loin que possible, sans en déchirer le dos […].
Texte “ chimérique ” : Chose
Courant noir
Ouvrantes assurances de puissance de phénomènes de phénomènes maintenues de dégageants genres de suite
de droit de chevalier de respect
Tout déchire l’exaltation.
Citations Pour chacun des mots d’une liste donnée, retrouver le plus grand nombre possible de vers les contenant
Conte à votre façon – exemple de structure en arbre. A chaque embranchement, le récit propose autant de solutions qu’il y a de branches. Lecteur, on construit soi-même sa version du conte en choisissant à chaque étape l’une des solutions proposées.
Contrainte de Delmas – Un énoncé satisfait à cette contrainte si on peut y remplacer la lettre initiale des mots significatifs par une autre lettre et obtenir un nouvel énoncé signifiant. Exemple : “ C’est la .ouleur, le goût musqué de la .ivette ” : quatre lectures sont possibles suivant le choix retenu pour la lettre « muette » "." ( « c » et « d »,)
Contrainte de Lloyd cf SOLVA
Cornichon – On choisit des mots dont les deux moitiés présentent un même rapport sémantique (par exemple le tout et la partie). On compose un texte à partir de ces mots. Le nom de la contrainte est emprunté à un exemple : cornichon= corps+nichon
Cylindre - c’est un texte qui se mord la queue d’une manière si parfaite qu’on ne sait plus où est la gueule et où est la queue.
Ex : le pilote ferme la carlingue vide - la carlingue vide le pilote ferme
Selon l’unité linguistique choisie, on peut faire des cylindres de lettres, de phonèmes, de syllabes, de mots, de phrases, et tutti quanti.
Deunglitsch cf l’égal franglais
Eclipse variété de S+7 sans texte de départ. On compose un texte entièrement original composé de deux unités dont la seconde est le S+7 de la première (ou dont la première est le S–7 de la seconde).
Exemple :
La gardienne du zoo :
Elle avait des manies de tendance délicate : c’était elle qui gardait la chambre quand elle attendait ses pets-de-nonne.
Elle avait des manifestations de tendresse délicate : c’était elle qui gardait la chamelle quand elle attendait ses petits.
Eodermdrome – On choisit cinq lettres qu’on place au sommet d’un pentagone régulier. Les lettres doivent être telles qu’il existe un parcours passant une fois et une seule par chacun des côtés et diagonales du pentagone tel qu’on obtienne ainsi en lisant à la suite les lettres rencontrées un monostiche de onze lettres
ex : S U R T O U T S O R S
Des eodermdromes de syllabes, de mots, etc. sont possibles. Un eodermdrome de vers se nomme rondeauderdrome.
Epithalame oulipien – voir Belle présente, Beau présent
Exercice de style Exercices de style est le titre d’un livre de R. Q. À partir d’une histoire aux péripéties insignifiantes, il proposé quatre-vingt-dix-neuf récits, différents par leur seul “ style ” : certains sont farcis d’anglicismes, d’autres écrits en alexandrins, d’autres enfin sont de véritables saynètes de théâtre.
C’est à vous : choisissez (ou écrivez) une histoire infiniment banale1. Placez dans un béret basque des petits bouts de papier où vous aurez inscrit des styles d’écriture, de toute nature (lipogramme en a, “ Loft Story ”, proverbial, latin de cuisine – les choix sont innombrables).
Tirez à l’aveugle
La contrainte est d’écrire la même histoire en respectant la consigne tirée du béret : tant pis si vous avez tiré “ natation ”, l’une des propositions de Queneau (non développée par lui), et que vous vous demandez ce que cela peut bien être.
Ex : Joconde jusqu’à cent, d’Hervé le Tellier assemble cent ‘points de vue’ sur le tableau de Léonard de Vinci.
Filigrane Dans un dictionnaire de référence, sélectionner un certain nombre de locutions contenant un mot donné. Effacer le mot dans chaque locution. Construire un court poème avec ce qui reste.
Avancer en limite : le retour de la marée.
l’âge
Grande trotteuse, petite aimantée, le chas à tricoter.
l’aiguille
Formes fixes
Toutes les formes fixes sont, par définition, oulipiennes. Plus oulipien que le sonnet, il n’y a guère. On recommande aussi la ballade, le chant royal, le rondeau, le pantoum, le et cetera (forme fixe s’il en est).
Haï-kaïsation : on ne garde d’un poème que des fins de vers, (réduction aux sections rimantes-) créant ainsi des poèmes très brefs, proches du haïku.
Variante : – Tête à queue (double haï kai) : prendre le(les) premier(s) mot(s) d’une suite de vers et les coller au(x) dernier(s)
ex ( à partir des Contemplations)
ceux qui passent
disent, s’effacent.
Quoi ! le bruit !
Quoi, les arbres !
Vous les marbres
Vous la nuit …
Hétérogrammes cf Ulcérations
Homomorphisme Principe général : produire un texte qui a la même structure qu’un texte-souche. Les divers types d’homomorphismes dépendant du choix de la structure : homosyntaxismes, homovocalismes, etc.
Homophonies - Un bon appartement chaud et un Bonaparte manchot sont deux énoncés homophoniques. L’homophonie intervient dans un grand nombre de jeux verbaux : calembours, à-peu-près, fables-express, vers holorimes.
La variation homophonique
À partir d’un énoncé donné (un nom propre, une phrase), trouver le plus grand nombre possible d’énoncés qui soient entièrement ou partiellement homophones. Composer ensuite, comme dans une fable-express, un bref récit qui justifie chacun des énoncés trouvés.
Exemple (1973), à partir du nom de la cantatrice “ Montserrat Caballé ” :
À la sortie d’un conseil des ministres, le porte-parole de l’Élysée remarque que le président de la République a l’air ennuyé. Il lui demande pourquoi. “ Je ne sais pas ce qui se passe, répond Giscard, mais j’ai comme le sentiment que mon premier ministre n’est plus aussi attentif que par le passé aux affaires du gouvernement. ”
Solution : Mon Chirac a bâillé.
Autre exemple, à partir de “ Le tramway de Strasbourg ” :
Le délicat compositeur du “ Beau Danube bleu ” possédait plusieurs oiseaux marins. Un jour, il laissa la porte de la volière ouverte. Les oiseaux se consultèrent démocratiquement pour savoir s’ils s’échapperaient. Il n’y en eut qu’un petit nombre à voter oui.
Solution : Les trois mouettes de Strauss : pour.
Homosyntaxisme cf Homomorphisme
Homovocalisme cf Homomorphisme
Hypertropes – Séquences de poèmes. Le modèle des hypertropes est la suite de Fibonacci, suite d’entiers naturels où tout élément est la somme des deux éléments qui le précédent. L’hypertrope fait intervenir le théorème de Zeckendorf qui permet de représenter tout entier naturel comme somme d’éléments d’une suite de Fibonacci. Le transfert de la structure mathématique vers la contrainte littéraire est d’ordre sémantique : le conte nu du poème de rang n dépend du conte nu des poèmes dont le rang forme la ‘représentation de Zeckendorf’ de n. De la contrainte sémantique découlent des contraintes prosodiques.
Intérieur de poème – ce qui reste quand on enlève le bord. Cf Bord de poème
Inventaires - Le principe de l’inventaire consiste à relever et présenter sous forme de liste un certain type de mots dans un poème donné (substantifs, ou verbes, ou adjectifs, ou substantifs et adjectifs, etc). On peut ainsi voir se dessiner comme un schéma du poème en question, voire des tendances de l’auteur. Voici un exemple dont on taira le texte-souche.
cigale été bise morceau mouche vermisseau famine fourmi voisine grain saison août foi animal intérêt principal fourmi défaut temps emprunteuse
Langage cuit - titre d’un recueil où Robert Desnos emprunte au langage quelques uns de ses clichés et les rajeunit en remplaçant les adjectifs par leurs antonymes
Extensions : appliquer le procédé à tout énoncé familier à tous : dictons, proverbes, locutions figées, citations classiques en vers ou en prose, mots “ historiques ”, slogans politiques ou publicitaires, titres de livres ou de films (liste non exhaustive). Ces énoncés, souvent bâtis sur un schéma formel reconnaissable, pourront faire l’objet de diverses manipulations. Cf Locutions introuvables, perverbes, proverbes liftés, proverbes soldés, …
L’égal franglais – Un texte qui peut se lire en les deux langues (sans tenir compte des accents et des majuscules). Les mots qui y figurent doivent avoir un sens différent dans les deux langues
ex : If rogue ignore genes, bride pays (If rogue ignore gênes, bride pays)
Le deunglitsch est la version allemand-anglais de cette contrainte
Leiris - Définition à la Leiris Sur le modèle Glossaire j’y serre mes gloses, on définit les mots en s’appuyant sur les lettres et/ou les sonorités qui les composent
Lipogramme Un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer une lettre, parfois plusieurs. Se trouvent ainsi proscrits les mots qui contiennent cette lettre ou ces lettres. Ex : Le roman de Georges Perec La Disparition est entièrement écrit sans la lettre e.
Liponymie Un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer telle ou telle catégorie de mots (substantifs, verbes, adjectifs)
Lipossible : on ôte à un mot un type de lettres pour en former un autre
Exemples de : paresse / presse - apaise /Pise (lipossibles en a)
Le chant anime les nombres / Le chat aime les ombres (lipossible en n)
Littérature en arbre cf Littérature en graphe
Littérature définitionnelle
Dans un énoncé donné, on remplace chaque vocable signifiant (substantif, adjectif, verbe, adverbe) par une de ses définitions dans un dictionnaire donné ; on réitère l’opération sur le nouvel énoncé obtenu, et ainsi de suite.
Ex : Énoncé de départ : le chat a bu le lait.
Étape 1 : Le mammifère carnivore digitigrade domestique a avalé un liquide blanc, d’une saveur douce fournie par les femelles des mammifères.
Étape 2 : Celui qui a des mamelles, mange de la viande, marche sur l’extrémité de ses doigts et concerne la maison a fait descendre dans le gosier par l’estomac un état de la matière sans forme propre, de la couleur du lait, d’une impression agréable sur l’organe du goût et procuré par les animaux du sexe féminin qui ont des mamelles.
Littérature en graphe – un graphe étant donné, l’œuvre littéraire se développe en suivant les parcours proposés par le graphe (flèches et sommets). La littérature en arbre est un cas particulier. On s’en sert pour des poèmes, des nouvelles, du théâtre (arbre à théâtre)
Locurime et Aphorime On utilise la rime comme principe de substitution dans des locutions courantes ainsi que dans des formules aphoristiques ou proverbiales
Exemple d’aphorime : soit le vers de La Fontaine “ rien ne sert de courir, il faut partir à point” ; il peut engendrer la série d’aphorimes suivantes :
Rien ne sert de (barrir, chérir, fleurir, guérir, mûrir, mourir, nourrir, périr, pourrir, quérir, sûrir, tarir),
il faut (barrir, chérir, fleurir, guérir, mûrir, mourir, nourrir, périr, pourrir, quérir, sûrir, tarir) à point
Locutions introuvables On applique à des locutions familières une méthode analogue à celle des perverbes, et on fabrique de nouvelles locutions. Ainsi, avec “ tirer le diable par la queue ” et “ bâtir des châteaux en Espagne ”, on obtient deux “ locutions introuvables ” : “ tirer le Diable en Espagne ” et “ bâtir des châteaux par la queue ”.
On dote de cette manière la langue d’une grande quantité de locutions nouvelles, auxquelles on pourra assigner un sens précis.
Tuer la poule dans le plat : attendre le dernier moment pour s’acquitter d’une tâche aussi désagréable qu’indispensable.
Tuer la poule devant les bœufs : faire un exemple.
Tuer la poule sur le feu : agir de façon précipitée.
Parmi les extensions possibles :
A. La méthode peut être étendue à quelques locutions comparatives. Il suffit de mettre en relation n’importe quel élément de la première série avec n’importe quel élément de la seconde pour obtenir des comparaisons originales.:
B. Au lieu de procéder par simple juxtaposition de fragments (deux moitiés d’énoncés différents), on peut procéder par imbrication d’éléments (en nombre supérieur à deux) :
Qui a bu vendredi dimanche confirme la règle
Qui a bu vendredi dimanche craint l’eau froide.
C On peut aussi opérer une imbrication accompagnée de légères modifications syntaxiques.
La nuit, tous les rois sont nus.
Il faut battre la campagne tant qu’elle est chaude.
Logo-rallye cf parcours obligé
LSD - Extension de la littérature définitionnelle, la littérature sémo-définitionnelle Au lieu de se contenter des simples définitions de type classique, on choisira ou on fabriquera des définitions plus inattendues.
Énoncé de départ : La marquise sortit à cinq heures.
Étape 1 : Le toit avancé soutenu par des piliers fut mis en vedette à l’heure du thé.
Étape 2 : La couche supérieure qui touche à son terme sans familiarité avec les fourches patibulaires est la sentinelle exacte qui croît à la Chine.
Variante 1 : orienter le choix des définitions de façon à obtenir des textes qui ressemblent à des citations “ à la manière de ” :
Ex : Énoncé de départ : Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat
Arrivée : Le conseil des prêtres assistant l’évêque a corrompu la femme qui se noie dans ses illusions, dans ce pays fertile en manifestations violentes (Sade, Justine)
Variante 2 : on choisit deux énoncés aussi différents que possible, que l’on traite de telle sorte que l’on aboutisse à un texte unique. C’est affirmer que l’on peut toujours, au terme d’une série de transformations définitionnelles, passer de n’importe quel texte à n’importe quel autre.
Exercice : à partir de la phrase : “ Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat ”, aboutir à “ Prolétaires de tous les pays, unissez=vous ! ”
Monkine - La monkine de base est composée à partir du carré qui décrit le déroulement des mots-rimes d’une quenine. Ce carré détermine le nombre de lettres dans chaque mot de la première strophe. Une deuxième strophe est alors construite en tournant les suites de la même façon. On répète le même procédé jusqu’à la strophe n (si la base est une n-ine)
Monophonisme cf Monovocalisme
Monovocalisme
Un monovocalisme est un lipogramme d’où sont bannies toutes les voyelles, sauf une
Ex : Smart à falzar d’alpaga nacarat, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, chapka d’astrakhan à glands à la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d’apparat à strass, raglan afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d’agaçants partagas, ayant à dada l’art d’Allan Ladd, cavala dans la pampa. …
Variante : le monophonisme : au lieu de traiter la voyelle comme signe typographique, on peut s’intéresser à un son.
Ex : extrait d’un poème intitulé “ Deux bœufs, deux freux ” :
Ce que je veux, je ne le peux
Ce que je peux, je ne le veux.
Morale élémentaire, forme fixe inventée par R. Q. qui la définit ainsi : “ D’abord, trois fois trois plus un groupes substantif plus adjectif (ou participe) avec quelques répétitions, rimes, allitérations, échos ad libitum ; puis une sorte d’interludes de sept vers de une à cinq syllabes ; enfin une conclusion de trois plus un groupe substantif plus adjectif reprenant plus ou moins quelques-uns des vingt-quatre mots utilisés dans la première partie. ”
Mouvements élémentaires de déshabillage
étoffe dernière trame légères surface étudiée
sac plein
mains appliquées fesses épousées ceinture traçante
mains à la place
face pâle face débâtée zone sibylline
descente vive
à peine freiné
aux genoux
il tombe
au sol
un pied
dehors
l’autre le pêche
trace fondante trace avalée volte sèche
cul nu
Variante : dans la co-morale élémentaire les groupement subst+adj sont remplacé par des couples adj.subst
N-ine – A l’origine, la sextine inventée au XIIIe siècle par le troubadour Arnaut Daniel. Adoptée par Dante et Pétrarque, elle a été employée, jusqu’à nos jours par de nombreux poètes. On choisit d’abord six mots-clefs ne rimant pas. Le poème se compose de six strophes de six vers, qui se terminent par un des six mots-clefs. Avec pour mots-clés un, deux, trois, quatre, cinq et six, on obtient la sextine monosyllabique des six premiers nombres (sextine de Padgett). Sa première strophe est :
Un
Deux
Trois
Quatre
Cinq
Six
Dans la deuxième strophe, les mot-clés terminent les six vers dans un ordre différent :
Six
Un
Cinq
Deux
Quatre
Trois
On observera que le premier mot-clef, un, est maintenant à la deuxième place, le deuxième, deux, est venu à la quatrième place, et le troisième, trois, à la sixième (leur numéro d’ordre a été mutiplié par deux). Les autres mots-clefs, quatre, cinq, six, occupent les places impaires manquantes du schéma qui précède, mais dans l’ordre inverse : six en première position, cinq en troisième, et quatre en cinquième position.
Strophe I : Un Deux Trois Quatre Cinq Six
Strophe II six un cinq deux quatre trois
Pour les mots-clefs de la strophe III, on procède par permutation de la même manière à partir de la strophe II. Le même principe permet enfin d’écrire successivement les strophes IV, V et VI.
Nota : si l’on écrivait une septième strophe en appliquant la même transformation de l’ordre des mots-clefs, on obtiendrait l’ordre de départ : un, deux, trois, quatre, cinq, six.
La n-ine, qui généralise la sextine, est un poème de n strophes (n étant un nombre entier), chacune de n vers, chaque vers de chaque strophe terminé par un mot-clef différent. On se donne n mots-clefs qui terminent les n vers de la première strophe. Dans la seconde strophe le premier mot-clef vient à la place 2, le deuxième à la place 4, et ainsi de suite (tant que possible). Les places manquantes sont alors remplies par les autres mots
Exemple : quinine (n=5)
Strophe I : 1 2 3 4 5
Strophe II : 5 1 4 2 3
Strophe III : 3 5 2 1 4
Strophe IV : 4 3 1 5 2
Strophe V : 2 4 5 3 1
Dans une n-ine, deux strophes distinctes ne peuvent pas avoir la même disposition1. Supposons ainsi qu’on essaye d’écrire une 4-ine (ou Catherine). On a successivement :
Strophe I : 1 2 3 4
Strophe II : 4 1 3 2
Strophe III : 2 4 3 1
Strophe IV : 1 2 3 4
La strophe IV ayant la même disposition que la strophe I, on ne peut composer de quenine de 4.
Les nombres entiers pour lesquelles la n-ine (quenine) existe se nomment nombres de Queneau.
La n-ine de 3 s’appelle terine. elle a trois strophes de trois vers se terminant chacun par un des mot-rimes choisis suivant l’ordre
strophe 1 : 1 2 3 ; strophe 2 : 3 1 2 ; strophe 3 : 2 3 1
Machaut chantait que sa fin
Était son commencement,
Et le contraire. Au milieu,
Rien qui dise qu’un milieu
trouve en entre deux sa fin,
l’an de son commencement.
Bouge le commencement
qui passa par le milieu
comme y eut passé la fin.
Autres variations et extensions – le principe de la n-ine peut être ajusté de manière telle qu’il s’applique pour des entiers échappant au principe strict . On obtient ainsi la septine, l’octine, et bien d’autres.
Oblique - Définitions obliques On définit un mot en le mettant en relation avec d’autres, avec lesquels il a des éléments communs.
Exemples
Vol : devient léger et changeant en prenant de l’âge (parce que vol + age = volage)
Vol : avec un peu de candeur, on en fait un volcan (parce que vol + can = volcan)
Vol : avec un peu de fumée, il occupe l’espace (parce que vol +ume = volume)
Le bris de mots est la variante où on fait apparaître un mot à l’intérieur d’un autre.
Octine cf N-ine
Ouliporime Soit un mot X (d’au moins trois lettres). On le divise en trois fragments (lettres ou phonèmes, au choix) : ABC . On choisit ensuite une syllabe, ou un groupe de lettres, x, qui servira de support.
Une ouliporime sur le mot 'X' est un poème de trois vers courts. Il y a deux variétés
1 - Support à droite : Le premier vers se termine par -Ax, le second par -Bx, le troisième par -Cx.
2 - Support à gauche : Le premier vers se termine par -xA, le second par -xB, le troisième par -xC.
Exemple : ouliporime sur le mot “oulipo” avec support à droite 's’.
Le premier vers se termine par -ous, le second par -lis, le troisième par -pos. Ainsi :
A la belle étoile
sous
le ciel, mais dans les plis
du sommeil : repos
Palindrome - Le palindrome de lettres est un texte qui peut être lu de gauche à droite comme de droite à gauche, (sans avoir nécessairement le même sens, comme Roma et amor). Kayak, ressasser, Noyon ou Laval ou non sont des palindromes. L’année 2002 était palindromique.
Exemple publicitaire : Tu l’as trop écrasé, César, ce Port-Salut
Le palindrome est un art fort ancien, présent dans toutes les langues, alphabétiques ou exemple anglais, le célèbre monovocalisme du président Theodore Roosevelt : A man, a plan, a canal : Panama.
Il existe des palindromes de syllabes, des palindromes de mots, de phrases.
Exemple de palindrome phonique : Jeanne en luge / Jules en nage
Parcours obligé (ou logo-rallye)
On écrit un texte (récit ou poème) dans lequel apparaissent obligatoirement, dans un autre choisi à l’avance, une série de mots.
Extension : on peut écrire une série de récits en dix phrases, chacune de ces phrases devant contenir un des mots.
L’ordre d’apparition des mots étant variable, le nombre de récits possible est 10 ! (factorielle de 10)
Pentacle cf trident
Perverbe - s’obtient en associant deux (ou plusieurs) morceaux de proverbes ou locutions. Ainsi, “ On revient toujours malheureux en amour ” est le résultat du croisement entre “ On revient toujours à ses premières amours ” et “ Heureux au jeu, malheureux en amour ”
Ex : rien ne sert de courir dans un gant de velours
On peut organiser les perverbes en poèmes.
Qui vole un œuf,
Jeux de mains
Vole un bœuf,
Jeux de vilains !
À tout seigneur
Qui vole un œuf
Tout honneur
Vole un bœuf
Poème algol – Le seul vocabulaire autorisé est celui du langage informatique algol
Poème anatolien – peut se dire sans que les lèvres se touchent
Poème pour bègues – Dans chaque vers chaque syllabe paire est identique à la syllabe impaire qui la précède
ex : est-ce esprit pris aux eaux ? (= essesspriprizozo)
Poème de bistro cf Poème de métro
Qu’est-ce qu’un poème de bistro ?
J’écris, de temps à autre, des poèmes de bistro. Ce poème en est un.
Voulez-vous savoir ce qu’est un poème de bistro ? Admettons que la réponse soit oui. Voici donc ce qu’est un poème de bistro.
Un poème de bistro est un poème composé dans un bistro, pendant le temps d’une beuverie.
Un poème de bistro compte autant de vers que votre beuverie compte de verres moins un.
Le premier vers est composé dans votre tête entre les deux premiers verres de votre beuverie (en comptant le verre de départ).
Il est transcrit sur le papier quand le coude redémarre au verre deux.
Le deuxième vers est composé dans votre tête entre les verres deux et trois de votre beuverie. Et ainsi de suite.
Il ne faut pas composer quand le coude est en marche.
Il ne faut pas transcrire quand le coude est arrêté.
Le dernier vers du poème est transcrit sur le banc du fourgon de police.
Si votre beuverie impose un ou plusieurs changements de tabouret, le poème comporte deux strophes ou davantage.
Si par malchance le coude redémarre entre deux verres, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de bistro.
Avertissement : le poème de bistro est strictement interdit aux mineurs. À composer avec modération.
Variante : il est possible, en l’absence de métro, de transposer l’exercice (poème de bistrot). Si l’on dispose d’une terrasse et d’un jardin, “ poème de terrasse ” (en composant durant les aller-retour – en temps imposé – entre une terrasse et un jardin, et en ne transcrivant qu’au moment où l’on revient sur la terrasse).
Poème carré (ou carré lescurien) utilise quatre mots permutant entre eux. “ Rien n’est plus facile que d’interchanger les beaux adjectifs. Rien n’est plus beau que d’interchanger les faciles adjectifs. Avec les substantifs déjà la difficulté se fait plus étrange. Avec la difficulté déjà le substantif se fait plus étrange ”. Ces phrases de Jean Lescure définissent la permutation en la pratiquant. Les permutations se font entre deux mots appartenant aux mêmes catégories du discours. Elles peuvent se faire suivant diverses modalités : - permutations plates : le premier substantif, par exemple, d’une phrase permute avec le second, le troisième avec le quatrième etc. – permutations alternées : le premier avec le troisième, le second avec le quatrième etc. ; - permutations embrassées : le premier avec le quatrième, le second avec le troisième
Exemple d’après Racine
“ Tandis que le sommeil réparant la nature
Tient enchaînés le travail et le bruit
Nous rompons ses liens, ô clarté toujours pure,
Pour te louer dans la profonde nuit “
(permutation embrassée)
Tandis que le bruit réparant le travail
Tient enchaînés la nature et le sommeil,
Nous rompons sa nuit, ô clarté toujours pure
Pour te louer dans le profonds liens
Poème pour chien – inclut le nom d’un chien d’une manière invisible pour l’œil humain mais parfaitement audible pour l’oreille canine
Poème corpusculaire – trois vers, chacun de trois mots, un verbe, un substantif, un adjectif (ou adverbe), les trois mots ayant la même racine
ex : gémis gémissant gémissement
mugis mugissant mugissement
rugis rugissant rugissement
Poème fondu : tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. On ne doit pas employer dans le haïku d’autres mots que ceux qui sont dans le sonnet, et on ne doit pas les employer plus souvent qu’ils ne le sont dans le sonnet. On peut durcir la contrainte en fondant un quatrain en haïku :
Tant de forêts flottent,
l’arbre court, les bois s’en vont
ensemble dans l’arbre.
est ainsi la fusion du quatrain de Victor Hugo tiré des Feuillets d’automne :
Elle court aux forêts où dans l’ombre indécise
Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,
Trouve la rêverie au premier arbre assise,
Et toutes deux s’en vont ensemble dans les bois !
• Nota : La ponctuation et l’ordre des mots du texte-souche sont totalement négligés. En revanche, les mots doivent être respectés à l’accent près : on s’interdira d’employer ou pour où, etc.
cf haikaisation
Poèmes gnomiques cf SOLVA
Poème de métro
“ Qu’est-ce qu’un poème de métro ?
J’écris, de temps à autre, des poèmes de métro. Ce poème en est un.
Voulez-vous savoir ce qu’est un poème de métro ? Admettons que la réponse soit oui. Voici donc ce qu’est un poème de métro.
Un poème de métro est un poème composé dans le métro, pendant le temps d’un parcours.
Un poème de métro compte autant de vers que votre voyage compte de stations moins un.
Le premier vers est composé dans votre tête entre les deux premières stations de votre voyage (en comptant la station de départ).
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station deux.
Le deuxième vers est composé dans votre tête entre les stations deux et trois de votre voyage.
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station trois. Et ainsi de suite.
Il ne faut pas transcrire quand la rame est en marche.
Il ne faut pas composer quand la rame est arrêtée.
Le dernier vers du poème est transcrit sur le quai de votre dernière station.
Si votre voyage impose un ou plusieurs changements de ligne, le poème comporte deux strophes ou davantage.
Si par malchance la rame s’arrête entre deux stations, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de métro. “
Ce poème de métro définit le poème de métro.
Remarques : 1) la contrainte doit être suivie avec la plus grande rigueur exécutoire. 2) Le poème ne doit pas être corrigé ultérieurement.
Dérivés : plusieurs autres poèmes à procédure construits sur le même modèle, dont le poème de bistro
Poèmes Oscillatoires – quatrains dont chaque vers est un groupe substantif plus adjectif (ou participe passé).Les mots des vers 2 et 4 sont faits d’antonymes des mots du vers 1, ceux du vers 3 de synonymes
ex gouffre escarpé
sommet accessible
précipice abrupt
cime facile
Poids et mesures – Des contraintes variées mettent en jeu des mesures : longueur de vers (métriques de mots, de lettres) de formes poétiques (sonnet le plus long, le plus court) ; ou des poids : gematria élémentaire par exemple (chaque lettre a le poids de son rang dans l’alphabet ; le poids d’un mot est la somme des poids des lettres qui le composent ; deux mots de même poids sont considérés comme équivalents, …)
Portraits-robots A l’aide d’expressions toutes faites empruntées à un corpus donné (en prenant par exemple pour source un dictionnaire encyclopédique), faire le portrait descendant d’une personne, d’un corps de métier, etc.
Le Faussaire
Faux visage
faux cils
faux nez
faux sens
faux bras
faux doigt
faux cul
Poèmes pour Rubans de Möbius. Ils utilisent la propriété caractéristique de cette surface : elle n’a qu’un seul côté
Prisonnier un prisonnier veut envoyer un message mais ne dispose que d’un papier minuscule. Pour gagner de la place, il formule son message en évitant toutes les lettres à jambages.
Ne restent que a, c, e, m, n, o, r, s, v, w, x, z
Si le prisonnier dispose d’un peu plus de papier, il pourra se permettre d’utiliser le i.
Ex : un incarcéré économe : nous, communs amis, écrivons sans ennui une :missive
- le prisonnier libéré se sert des voyelles, du y et des seules consonnes qui lui étaient précédemment interdites.
d, f, g, h, j, k, l, p, q, t,
(cf lipogramme) :
Quenine cf N-ine
Quenoum - forme fixe qui marie la quenine et le pantoum de la manière suivante : on fait tourner les mots en fin de vers comme pour la quenine mais en même temps on fait répéter une moitié des vers comme pour le pantoum (les vers de la première strophe qui ne sont pas repris dans la deuxième réapparaissent dans la dernière). Ceci ne s’applique qu’aux strophes avec un nombre pair de vers. Dans le cas impair des solutions particulières sont nécessaires. (cf N-ine)
Redonde – forme fixe composée de 3 strophes de 5 vers sur 3 mots-clefs disposés ainsi :
12321 23132 31213
ou
12321 31213 23132 :
Rime berrychonne : fonctionne sur trois vers : les deux premiers vers ne riment pas, mais la fin du troisième vers est composée à partir de la consonne de l’un et la voyelle (ou élément vocalique : ou, on, etc) de l’autre.
La scène est sur la scène et la scène était vide,
un espace quelconque où tout se déroula,
se déroule et viendra. Pour l’heure il s’en évade
Rime bisexuelle fonctionne en trio, comme la rime berrychonne, mais avec un couple de deux rimes masculines rimant avec une féminine, ou inversement.
L’androgyne, I
Autant à voile qu’à vapeur
Si l’une en rit, un autre pleure
Ellil ? Ilelle ? auriez-vous peur ?
L’androgyne, II
Hélas, mon fils, lui dit son père
Ah ! que le destin est amer !
Ma fille, hélas ! lui dit sa mère
Rime hétérosexuelle. On fait, par rajout, rimer ‘cou’ et ‘coude’, ‘mot’ et ‘môle’, ‘pastis’ et ‘réglisse’, etc ; ou on associe deux à deux masculin et féminin rimant pour l’oreille :
reste, d’accord avec l’esprit
une écriture corporelle
seul acte en soi surnaturel
la flottaison de rêverie
Rimes pour l’œil uniquement, contrainte empruntée au ‘plagiaire par anticipation’ de l’Oulipo, Alphonse Allais.
L’homme insulté qui se retient
Est à coup sûr doux et patient.
Par contre, l’homme à l’humeur aigre
Gifle celui qui le dénigre.
Rondeauderdrome cf Eodermdrome
Saturation sémantique - Un mot est utilisé successivement dans tous ses sens possibles
ex : dans la salle de billards, un bleu qui mangeait du bleu, posa son bleu à côté du bleu et tacha le tapis vert, …
SAV + 7 cf S+7
Septine cf N-ine
Séries obligées – Un texte fait apparaître une série obligée quand il contient une séquence d’éléments linguistiques préalablement donnée. Les variétés sont nombreuses : séquences alphabétiques, vocaliques, lexicales (logo-rallyes) , etc.
Sextine cf N-ine – dans la sextine anagrammatique les mots-rimes sont remplacés de strophe en strophe par des anagrammes
SOLVA ou Sonnet de longueur variable ou Contrainte de Lloyd – On transforme un sonnet classique de 14 alexandrins, en une ode de 15 alexandrins respectant les contraintes prosodiques. On numérote les lignes du sonnet de 1 à 15, la ligne 9 étant laissée en blanc. C’est là que les douze syllabes d’un alexandrin additionnel sont mises.
Une contrainte de même espèce s’applique à d’autres types de poèmes. Ce sont les poèmes gnomiques.
Sonnet court - Cette forme respecte les proportions du sonnet classique. Il se compose d’un sizain suivi d’un quatrain lui-même terminé par un demi-vers. La disposition de rimes la plus courante est :
abcabc / cddcd
Sonnet irrationnel :poème à forme fixe, de quatorze vers, dont la structure s’appuie sur le nombre pi (d’où l’adjectif irrationnel). Il est divisé en cinq strophes successivement et respectivement composées de : 3 – 1 – 4 – 1 – 5 vers, nombres qui sont, dans l’ordre, les cinq premiers chiffres significatifs de pi. (Le suivant est un 9 ; c’est pourquoi on donne habituellement, comme valeur de pi, 3,1416, qui est la meilleure approximation de 3,14159).
Les deux strophes à vers unique (strophe II ou vers 4, et strophe IV ou vers 9) se comportent comme une façon de refrain.
Le poème est bâti sur quatre rimes A,B,C,D. Les rimes A et C sont de même sexe, et de sexe opposé à B et D. Il faut 4A, 3B, 4C (pour cinq vers) et 2D.
1. A +
2 A +
3 B –
4 C+
5 B –
6 A +
7 A +
8 B –
9 C + (identique à 4)
10 C +
11 D –
12 C +
13 C +
14 D –
Sonnet de longueur variable cf SOLVA
Sphinx – on nomme ainsi une narration satisfaisant à la contrainte utilisée dans le roman oulipien dont le titre est Sphinx : aucun élément linguistique ne signale le sexe d’un personnage ou d’un narrateur
S+n orienté cf Transductions
S+7 - La méthode S+7 : remplacer chaque substantif (S) d’un texte donné par le septième trouvé après lui dans un dictionnaire (S+7) donné.
exemple : L’Étranger ” de Baudelaire, devient L’étreinte ” :
– Qui aimes-tu le mieux, homochromie ennéagonale, dis ? ta perfection, ton mérinos, ta soif ou ton frétillement ?
– Je n’ai ni perfection, ni mérinos, ni soif, ni frétillement.
– Tes amidons ?
– Vous vous servez là d’un paros dont la sensiblerie m’est restée jusqu’à ce jouteur inconnue.
– Ton patron ?
– J’ignore sous quel laudanum il est situé.
– Le bécard ?
– Je l’aimerais volontiers, défaut et immortel.
– L’orangeade ?
– Je la hais, comme vous haïssez Différenciation.
– Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étreinte ?
– J’aime les nucléarisations… les nucléarisations qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleuses nucléarisations !
Remarques :
On peut procéder plusieurs fois avec des dictionnaires variés.
On peut préférer V+7 (verbe+7) ou A+7 (adjectif+7) ou, naturellement, SAV + 7 (substantif-adjectif-verbe).
Le dictionnaire est considéré comme un objet circulaire : dans le Petit Robert, le S + 7 de “ zygote ” est “ abaisse-langue ”.
Surdéfinitions On définit doublement un mot : par son sens d’abord, mais aussi par sa présence à l’intérieur d’un autre mot
Exemples :
Bleu : trace de coup sur le corps d’un hâbleur
Mille : servait à mesurer les voies romaines en famille
Rude : fait preuve de la grossièreté au milieu de la prudence
Vol : groupe d’oiseaux en pleine révolution
Tête à queue cf Haï-kaisation
Texte accommodé cf Chimère
Textes à démarreur : “ Je me souviens de Reda Caire ”. Ainsi commence le livre de G. P., Je me souviens. Suivent près de cinq cents souvenirs.
Ce livre est donc une longue liste, et aussi un long poème. La liste est exploratoire, systématique, mais jamais exhaustive.
Systématisation : Tous les démarreurs sont autorisés, citons en quelques-uns :
J’ai oublié…
Je ne suis pas du genre à…
Je regrette de…
Je sais que…
Où ai-je lu que…
Je me demande si…
Théâtre booléen – il travaille sur plusieurs pièces indépendantes en utilisant judicieusement les opérations élémentaires sur les collections d’objets.
exe : théâtre à intersection : deux pièces différentes se jouent sur une scène, la pièce A côté cour, la pièce B côté jardin. Au centre, la pièce C emprunte des personnages et répliques aux pièces A et B.
autres exemples : le théâtre à réunion, à complémentaire, à inclusion, etc.
Tireur à la ligne - Tirer à la ligne, c’est, pour un journaliste (ou un écrivain), “ allonger la sauce ” sans augmenter pour autant l’information Pour qui est payé “ à la ligne ”, , l’intérêt économique saute aux yeux. Dans l’exercice oulipien du tireur à la ligne, il s’agit, en se donnant une phrase de départ A et une phrase d’arrivée B, complètement indépendantes l’une de l’autre, d’insérer une phrase intermédiaire C créant une fiction plausible, puis de recommencer l’opération en insérant une phrase D entre A et C, une phrase E entre C et B. Aux étapes suivantes, on continuera ainsi à insérer chaque fois une phrase nouvelle entre deux phrases existantes.
variante : le farcisseur de texte, où, à partir d’une phrase initiale, il faut construire un récit de plus en plus ample en ajoutant des mots, des ponctuations entre les mots, en respectant l’ordre des mots, si possible en altérant le sens.
Dieu est amour
Dieu, cet enfant est un amour !
Nom de Dieu ! cet enfant est un démon, mon amour !
Traduction antonymique Dans un énoncé donné, remplacer chacun des mots importants (substantif, verbe, adjectif, adverbe) par un de ses antonymes possibles,
Ex, traduction, par Georges Perec de la première phrase d’À la recherche du temps perdu, “ Longtemps je me suis couché de bonne heure ” : Une fois, l’autre fit la grasse matinée.
Traduction homophonique “ Un singe débotté est une joie pour l’hiver ” (François Le Lionnais), est une traduction homophonique du vers fameux de John Keats : A thing of beauty is a joy for ever.
Transductions : à partir d’un texte donné, substituer aux substantifs de ce texte d’autres substantifs pris dans un lexique spécialisé différent.
Raymond Queneau a ainsi traité un article du mathématicien David Hilbert, Les Fondements de la Géométrie, en remplaçant les mots : “ points, droite, plan ” du texte source par les mots “ mots, phrases, paragraphe ”.
Exemple : deux axiomes
I, 1 : Il existe une phrase comprenant deux mots donnés.
I, 2 : Il n’existe pas plus d’une phrase comprenant deux mots donnés.
variante : le S+n orienté : choisir uniquement les mots qui appartiennent à un domaine préalablement déterminé (ex : mots du vocabulaire politique, culinaire, sexuel, garagiste, littéraire, etc.)
Trident forme fixe très courte, qui s’auto-définit ainsi :
Vers un : cinq syllabes,
Vers deux : trois
Vers trois cinq syllabes
Le pentacle a cinq vers, les trois premiers vers constituant un trident. Il y a deux variantes : pentacle a minore en 5+3+5+4+6, et le pentacle amajore en 5+3+5+6+4
Ulcérations - Les onze lettres les plus fréquentes dans un texte en langue française un peu étendu sont celles qui figurent dans le mot ulcérations. Un poème en ‘ulcérations’ se compose de vers de onze lettres qui sont tous des anagrammes du mot.
Au lieu de la lettre ‘c’ qui est la moins fréquente des onze lettres d’’ulcérations’, on peut utiliser une autre des quinze lettres restantes de l’alphabet. On a ainsi des hétérogrammes en ‘ton de b, de f, de g,’ ….
V+7 cf S+7
Vocabulaires raisonnés un lexique peut-être ordonné suivant des principes nouveaux et rationnels. Ainsi la définition des lettres de vent (N=nord, E=est, O=ouest, S=sud) permet de classer les mots en calmes et agités, de définir le ‘beaufort d’un mot’ etc. On considère aussi les notions d’altitude et de profondeur, …
X prend Y pour Z – On représente cette relation ternaire comme une multiplication, xy=z, dont on se donne la table. Une table de multiplication étant donnée a priori, on peut utiliser d’autres prédicats : x complote avec y contre z, par exemple. Les propriétés algébriques de la multiplication choisie s’interprètent en événements d’un récit.