La nutation est un tremblement de l’axe de la Terre (ou d’un autre corps céleste, mais c’est de la Terre qu’il est question ici), qui fait que le cône qu’il dessine au cours de son mouvement de précession n’est pas exactement un cône, mais qu’il est légèrement déformé, gaufré. C’est dans le mouvement apparent des étoiles que se lit le mouvement de la Terre. C’est un astronome anglais du XVIIe siècle qui a découvert la nutation.
Et c’était une découverte brillante, si je peux me permettre, intervient le vieux Qfwfq, qui ne s’était pas beaucoup éloigné, parce que c’est minuscule. Je peux vous donner des chiffres, ajoute-t-il sans reprendre haleine, ces petits festons, c’est 17 secondes d’arc, à peine un cheveu, que l’axe de la Terre met dix-huit ans à parcourir. Pour découvrir ça, il faut être non seulement précis, mais aussi tenace.
Guglielmo doit être impressionné, pour une fois, puisqu’il se tait.
Vous allez nous parler de la belle Émilie, demande Fiordiligi ? Vous l’avez connue, n’est-ce pas ?
Ah ! La marquise du Châtelet, s’exclame le vieux Qfwfq ! Je pourrais vous en parler pendant des heures.
Peut-être pas, glisse Guglielmo.
Parlez-nous de la nutation, demande doucement Fiordiligi.
Je me souviens, dit le vieux Qfwfq, elle lisait Newton, en latin, il y avait ce mot, nutare, parce que Barrow avait découvert, mesuré, mais lui, Newton, il faisait la théorie, les principes, parce que, lui, Newton, il en avait, des principes, la cause était, disait-il, dans le renflement de la Terre. Vous avez déjà dit que la Terre n’est pas vraiment une sphère, n’est-ce pas ? Et la marquise voulait traduire ce nutare, vous imaginez qu’il ne manquait pas de monde autour d’elle pour lui dire ce qu’il fallait qu’elle fît. Je ne vous parle pas de Voltaire.
Non, ponctue Guglielmo.
Tremblement, trouvait-elle, avait un côté anthropomorphe inacceptable pour une scientifique. Mais c’est très bien dans un roman, ajoute-t-il en souriant à Fiordiligi. Vous auriez dû voir les discussions, et finalement, elle a choisi nutation, un vrai mot savant.
Qu’il faut prononcer avec délicatesse, dit Fiordiligi, pour qu’on n’y entende pas mutation, la première syllabe d’un mot n’est pas ce que l’on entend le mieux.
Savez-vous, ma jeune amie, que le mot mutation, avec son sens biologique, a été inventé à peu près en même temps ?
Quel pédant, pense Guglielmo.
Je pourrais aussi vous parler de la petite S0Ph(i), ajoute-t-il, en nutation et en mouvement des solides, elle s’y connaissait aussi.
Mais Fiordiligi est prise d’une série d’éternuements qui empêchent Guglielmo d’exprimer son agacement.
Tu as froid, dit-il seulement, et, comme le vieux Qfwfq est parti, il ajoute, allons nous mettre au chaud sous la couette.
Dans la nuit noire et glacée, les pointes acérées des étoiles, insensibles aux tremblements des humains, continuent à enregistrer ceux des objets du ciel.
Et c’était une découverte brillante, si je peux me permettre, intervient le vieux Qfwfq, qui ne s’était pas beaucoup éloigné, parce que c’est minuscule. Je peux vous donner des chiffres, ajoute-t-il sans reprendre haleine, ces petits festons, c’est 17 secondes d’arc, à peine un cheveu, que l’axe de la Terre met dix-huit ans à parcourir. Pour découvrir ça, il faut être non seulement précis, mais aussi tenace.
Guglielmo doit être impressionné, pour une fois, puisqu’il se tait.
Vous allez nous parler de la belle Émilie, demande Fiordiligi ? Vous l’avez connue, n’est-ce pas ?
Ah ! La marquise du Châtelet, s’exclame le vieux Qfwfq ! Je pourrais vous en parler pendant des heures.
Peut-être pas, glisse Guglielmo.
Parlez-nous de la nutation, demande doucement Fiordiligi.
Je me souviens, dit le vieux Qfwfq, elle lisait Newton, en latin, il y avait ce mot, nutare, parce que Barrow avait découvert, mesuré, mais lui, Newton, il faisait la théorie, les principes, parce que, lui, Newton, il en avait, des principes, la cause était, disait-il, dans le renflement de la Terre. Vous avez déjà dit que la Terre n’est pas vraiment une sphère, n’est-ce pas ? Et la marquise voulait traduire ce nutare, vous imaginez qu’il ne manquait pas de monde autour d’elle pour lui dire ce qu’il fallait qu’elle fît. Je ne vous parle pas de Voltaire.
Non, ponctue Guglielmo.
Tremblement, trouvait-elle, avait un côté anthropomorphe inacceptable pour une scientifique. Mais c’est très bien dans un roman, ajoute-t-il en souriant à Fiordiligi. Vous auriez dû voir les discussions, et finalement, elle a choisi nutation, un vrai mot savant.
Qu’il faut prononcer avec délicatesse, dit Fiordiligi, pour qu’on n’y entende pas mutation, la première syllabe d’un mot n’est pas ce que l’on entend le mieux.
Savez-vous, ma jeune amie, que le mot mutation, avec son sens biologique, a été inventé à peu près en même temps ?
Quel pédant, pense Guglielmo.
Je pourrais aussi vous parler de la petite S0Ph(i), ajoute-t-il, en nutation et en mouvement des solides, elle s’y connaissait aussi.
Mais Fiordiligi est prise d’une série d’éternuements qui empêchent Guglielmo d’exprimer son agacement.
Tu as froid, dit-il seulement, et, comme le vieux Qfwfq est parti, il ajoute, allons nous mettre au chaud sous la couette.
Dans la nuit noire et glacée, les pointes acérées des étoiles, insensibles aux tremblements des humains, continuent à enregistrer ceux des objets du ciel.
PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.