Michèle Audin

Il y a, en haut à gauche, une Scale of units. La mesurer montre qu’un centimètre représente quatorze quelques choses. Le texte dit One inch equals approximately six tenths miles. Ce qui doit donner l’échelle et expliquer le quatorze. Je laisse ce jeu aux lecteurs intéressés. La légende n’indique que la nature des routes et les échangeurs d’autoroute. Il est vrai que ce plan a été donné par une agence de location de voitures (Hertz, lit-on dans la rose des vents, en haut à droite, j’en profite pour signaler que le nord est en haut, lui aussi). L’Océan Pacifique et la baie sont bleus, ainsi que les lacs et étangs, les autoroutes sont rouges, les parcs qui contiennent les lacs et étangs sont verts, quelques parties sont colorées en rose, quelques édifices en rouge, enfin les agences Hertz sont en jaune. Les rues sont représentées, comme souvent sur ces plans américains, par des lignes (et non par des bandes). Elles forment, sur la plus grande partie du plan, un quadrillage nord-sud et est-ouest, mais une partie importante est quadrillée obliquement (sud-ouest/nord-est et perpendiculairement). De là part, et dans cette direction, le pont d’Oakland. Au milieu et vers le bas du plan, le quadrillage laisse la place à des courbes, des arrondis, révélant la présence de collines. À droite de ce plan, un index des noms de rues, sur quatre colonnes, en caractères si fins qu’ils sont presque illisibles, qui se continue, sur six colonnes, au verso. Verso qui comporte aussi un petit plan schématique de l’aéroport (et de ses agences Hertz) et une carte de la région, la baie de San Francisco et, au sud jusqu’à Monterey. On trouve sans trop de mal l’indication que ce plan a été imprimé en novembre 1980.
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Le plan de San Francisco, de l’AAA (rien à voir avec les andouillettes), est un grand rectangle presque carré présentant les mêmes caractéristiques (sans les agences Hertz). Les trous laissés par des punaises près de ses quatre coins expliquent que les couleurs en soient si passées : ce plan a certainement été affiché sur un mur. Le verso présente, outre la liste des rues, un plan de Downtown San Francisco, à plus grande échelle (sur chacune des faces se trouvent deux échelles – dont une métrique, 1000 m pour un peu moins de 5 cm, 800 m pour 3,8 cm), de sorte que les rues y sont représentées par des bandes. Ce Downtown est essentiellement la partie quadrillée obliquement, avec les docks qui font comme des dents sur le bleu de la baie. On été ajoutés au crayon sur cette étendue bleue les mots Cable Car Museum, Macy’s, Market St, Powell Station, et des lignes ont été tracées à la règle pour les relier aux lieux qu’elles désignent. Une fois le plan replié, on peut voir sa « couverture », une photographie qui représente un pont suspendu gris (ou bleu ?) dont on voit trois des montants verticaux et les câbles qui les relient, formant des courbes appelées chaînettes, San Francisco-Oakland bay bridge.


Les montants ont la même forme que ceux du Golden Gate bridge.
Où nous sommes allés à pied.
Oui.
Et puis ?
On n’est quand même pas allés au Cable Car Museum, si ?
Non, je ne crois pas.
Tu te souviens de quoi ?
Brouillard. Il y a si longtemps. Oui, le nom de cette tour, Coit Tower.
Tu as l’esprit mal tourné.
Comme toi, tout juste.
Mais le pont, essaie encore Guglielmo, qui trouve Fiordiligi plutôt négative ces temps-ci.
Oui, bien sûr, le pont.
3 mars 2015
(à suivre)

Photo Juliette Sabbah
(un clinamen)