Michèle Audin

Parce qu’il est tentant d’imaginer, posé sur une carte de l’atlas que l’on vient d’ouvrir, un papillon qui bat des ailes – comme le fit, en 1973, un mathématicien, inventant ainsi le cliché de « l’effet papillon ». Le papillon était au Brésil et la tornade qu’il déclenchait (peut-être) au Texas, les ouragans dans les pays riches du nord provoqués par la légèreté des pays pauvres du sud… l’année-même où des services secrets peut-être basés au Texas organisaient un coup d’état pour renverser le gouvernement élu d’un pays d’Amérique du sud.

Et parce que l’entomologie se cartographie, elle aussi. La répartition des papillons dans l’espace et dans le temps peut faire l’objet d’authentiques études dans de respectables publications du genre atlas.

Ah ! Ça vous pouvez le dire, s’exclama le vieux Qfwfq. Je me souviens d’Iputupi avant qu’on y introduise la coscinocera nigrostriata. Quelle tranquillité dans la forêt le long de la Black River jusqu’à l’estuaire et au rivage de la Baie de Carpenter ! On n’entendait pas même voler une mouche. Le murmure de l’eau… Et puis la Schmetterling Gesellschaft vint étudier la question, pourquoi n’y a-t-il pas de papillons à Iputupi, avec ses échantillons, et transforma inconsidérément ce monde de silence en une sorte d’immense volière dans laquelle on battait des ailes à qui mieux mieux. J’ai lu dans un des livres dont vous parlez que l’espèce avait disparu aujourd’hui. Eh bien, laissez-moi vous le dire, patrimoine génétique ou pas, ce doit être un véritable soulagement pour ceux qui y vivent. Si l’on peut encore y vivre.

On met le lemme du papillon ?
Oui, si tu veux.
 
25 décembre 2014
(à suivre)

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.