Michèle Audin

Un parallèle est un petit cercle, cela a déjà été dit. On ne peut pas s’empêcher de remarquer que le substantif est singulier alors que l’adjectif tend à être pluriel. Deux droites parallèles. Même dans le postulat V d’Euclide qui, sous une forme bien plus tarabsicotée affirmait (sans preuve) qu’il existe une unique parallèle (à une droite donnée, passant par un point donné), ce singulier est un substantif. Ceci étant une digression, car c’est bien de parallèles comme petits cercles de latitude constante, qu’il devrait être question ici. On aura remarqué que ces parallèles-là ne se rencontrent jamais.

Il serait possible de parler aussi de l’effet des cartographes et de leurs projections sur les parallèles. De la projection stéréographique de pôle nord, qui transforme les parallèles en cercles tous centrés au pôle sud (et les méridiens en diamètres de ces cercles) – par exemple. D’autres projections qui font que sur une carte les parallèles sont souvent des droites parallèles.

Il serait possible alors d’évoquer un plan de ville, et précisément celui de Barcelone, une ville qui ne manque pas de rues parallèles et de quadrillages presque parfaits, coupés en diagonale par une avenue méridienne et une avenue parallèle qui sont perpendiculaires (bien sûr) mais ne se rencontrent pas. Avenue du parallèle, voilà qui fait joli sur un plan où cette avenue n’est parallèle à aucune autre.

Il serait possible de choisir un parallèle et de le suivre, le tour du monde à 37°. Un itinéraire bizarrement omis de l’article de ce nom, mais il n’est pas trop tard, omettons l’Écosse, les îles Canaries et celle du Cap Vert, omettons le détroit de Magellan et partons, droit vers l’est, de Concepción, traversons la cordillère des Andes et la pampa, passons par Tristan da Cunha et doublons le cap de Bonne-Espérance, visitons l’île Amsterdam, l’Australie et la Nouvelle Zélande, arrêtons-nous à l’île Tabor.


Il arrive que l’on pleure à la fin d’un livre. Parce que l’histoire est triste, trop triste, dirait Lucia, excessivement triste, dirait la langue de bois. Plus rarement, parce que le livre est terminé, qu’il faut arrêter de vivre en sa compagnie. C’est une rupture, dit Fiordiligi en replaçant le deuxième tome sur une étagère, à sa place dans encore une de ses collections.
26 décembre 2014
(à suivre)