Michèle Audin

Une feuille (format raisin, un peu plus grand qu’une feuille A3) pliée en quatre. D’un côté le plan de la ville (et de la publicité pour les Galeries Lafayette), de l’autre et de gauche à droite, un plan du centre-ville, une publicité pour les Galeries Lafayette et, superposées, deux plans carrés (Le lac : congrès, expositions et casino, Gare SNCF Saint-Jean). Ces trois plans partiels portent une échelle (chacune indique ce que vaut la longueur 250 m sur le plan) et une rose des vents (le nord est en haut). Le plan du centre (la feuille a été pliée de façon que ce plan soit visible) est au 1 : 10 000e (comme on s’en convainc en mesurant les 250 m). De l’autre côté, les 250 mètres ne valent plus que 1,8 cm (sauf erreur, un plan au 1 : 13 900e). Si aucune date n’apparaît, il sera possible aux historiens de dater ce plan, au moins dans une fourchette, des années où les Galeries Lafayette utilisaient cette photo de Laetitia Casta pour leur publicité. 2004, je crois, dit Guglielmo. La Garonne apparaît à peine sur le plan du centre, dont le graphisme et les couleurs, bien que sans originalité, sont plutôt clairs. Les arrêts du tram sont indiqués en rouge et en bleu (il y a deux lignes), et les rues piétonnières en mauve.
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Fiordiligi n’est jamais allée à Bordeaux. Guglielmo regarde le plan avec elle et le commente. La rue Sainte-Catherine, dit Guglielmo. Je ne pense pas que tu l’aimerais. Les mêmes boutiques que partout. Je t’entends penser le mot mondialisation. Les mêmes franchisés, les mêmes enseignes, les mêmes vitrines. 

Et les ponts, demande Fiordiligi ? J’ai traversé le pont de pierre. Ce qui fait fredonner Fiordiligi, elle aussi. En parlant de commencement… Guglielmo raconte sa visite à de très anciens amis, leur maison, ce que font leurs enfants. Et puis, avant mon départ, ils m’ont donné rendez-vous, nous avons bu une bière au soleil sur une grande place, pas loin de la mairie. Puis ils m’ont emmené à la gare.

Combien de fois ne sommes-nous pas passés ici ou là, pourtant, dit Fiordiligi, en montrant les autoroutes et leurs échangeurs sur le plan général. Éviter Bordeaux, vers les plages et les plans d’eau du Médoc, ça nous savions le faire. Ils pensent au 470 (quatre-soixante-dix) avec son trapèze, sur le lac, à Maubuisson, et ils sourient.
29 avril 2014
(à suivre)