Michèle Audin


Regarde de tous tes yeux, regarde… Là, Fiordiligi, un jour de vague-à-l’âme et n’ayant plus rien à lire, accepta la proposition d’un de ses collègues français logé dans le même hôtel qu’elle de lui prêter le roman qu’il venait de finir. Je l’ai déjà lu, dit-elle, mais  c’est un livre qui peut être relu. Je vais le relire.

Relire ce livre, elle a ensuite employé une partie de sa vie à le faire, mais là, à Moscou, ce fut la première fois, le plus souvent dans la baignoire de la salle de bains, dans sa chambre à l’hôtel Akademichevskaya, entre les carreaux ébréchés et le miroir constellé de taches, dans le bruit du robinet qui fermait mal, sous le néon clignotant, parfois aussi à la cafeteria, au quatrième étage, où elle prenait son petit déjeuner, au son de la radio, il est revenu, le temps du muguet, la première fois de la relecture.

Comme aux hommes et aux femmes, il arrive aux livres et aux villes de se rencontrer par hasard, le siège de Lisbonne à Grenoble, la rue Simon-Crubellier à Moscou.
15 novembre 2014
(à suivre)

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.