Michèle Audin

Turisticni Nacrt Ljubljane est un plan vert dépliant très grossier de la ville de Ljubljana, avec les autoroutes menant à Trieste et Venise (en bas à gauche), à Vienne (en haut à droite), plus un plan presque aussi grossier mais agrandi du centre (au 10 000e), sur lequel pas moins de trente-deux points d’intérêt (églises, marché, ponts, université, statues, dont celle qui décore le feuillet de titre, places, théâtres, mur romain) sont repérés par des ronds rouges numérotés (de 1 à 32) et décrits, avec photos à l’appui, sur les côtés et au verso de la page. La ville est verte, le fleuve (Ljubljanica) et son affluent (non nommé) sont bleus, beaucoup des lieux repérés par un rond rouge sont aussi schématisés par des dessins jaunes en relief. Le plan porte la date d’octobre 2007. Trente-deux lieux, cela semble énorme pour une aussi petite ville et, en effet, ils sont très denses.
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Il y a aussi dans la boîte à chaussures un beau plan carré, quadrillé (B à K, 3 à 11), clair et précis, avec ses routes et rues jaunes et bleues, ses parties construites en beige, ses parcs en vert foncé. Les lignes de chemin de fer et les cours d’eau s’y détachent avec netteté. Sur ce plan, 5 cm représentent 1 km. Au verso, avec une liste alphabétique des noms de rues, un plan agrandi (200 m sont ici représentés par 3 cm) présente le centre de la ville et les mêmes qualités  d’élégance et de précision, on y lit les noms des rues et des rivières, et l’on comprend la configuration générale de la ville, la colline boisée avec le château au-dessus de la vieille ville (Stara Ljubljana, comme en polonais) dans la courbe de la Ljubljanica.

Ljubljana est la capitale d’un des petits pays qui sont apparus sur la carte d’Europe après que Guglielmo  et Fiordiligi aient acheté leur atlas de géographie, ce qui n’a pas empêché Fiordiligi de s’y rendre, pour une raison professionnelle. Je ne retrouve pas la statue du brasseur, dit-elle à Guglielmo en rangeant les deux plans dans la boîte. Tu es sûre que c’était là? Je ne sais plus. Je me souviens d’un pont compliqué. Et d’un dragon. Et d’une paisible et désuète ambiance de province austro-hongroise. Et de mandarines sur un marché. On ne trouve plus de mandarines. Je n’en avais pas oublié le goût.
4 octobre 2014
(à suivre)
PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.