Michèle Audin

Plano-guia Cordoba Callejero-La Mezquita Surgraphic, une photographie de la ville, un pont sur le Guadalquivir, la cathédrale, les traces de colle d’une étiquette (enlevée) qui devait indiquer le prix du plan. Beaucoup de publicité, la première que l’on voit en ouvrant le plan est pour la société de restauration rapide MacDonald’s (i’m lovin' it) qui donne trois adresses. Le plan de la ville (plano callejero) est dessiné comme sur un plan (au sens mathématique du terme) que l’on verrait en perspective, ce qui lui permet de s’intégrer, sans solution de continuité, au paysage montagneux qui est représenté, au fond (c’est-à-dire en haut de l’image) sous un ciel bleu (bien sûr). Ce qui ne l’empêche pas de porter les habituels carrés. Les autoroutes, les stades, les MacDonald’s, le Guadalquivir, y sont clairement visibles. Beaucoup de lieux portent des numéros, qui sont explicités dans une liste imprimée au verso et intitulées Monumentos. Il y a aussi, au verso, une liste alphabétique des noms des rues, un plan du centre et un autre qui donne une idée numérique de la Mezquita. Quatre ponts traversent le fleuve. Le dessin du pont romain permet de reconnaître que c’est lui qui a posé pour la photographie sur le pli du titre.
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Oui, celui-là date de 2006. Tu avais téléphoné. Je suis devant la statue de Maïmonide. J’avais pensé, dit Fiordiligi, je ne suis pas jalouse. Mais je n’y suis pas arrivée.
De ce genre de choses, tu acceptes d’être jalouse !
Sans vergogne. Parce que, les deux fois précédentes où tu y es allé, nous étions ensemble. C’est, en quelque sorte, un lieu qui nous appartient à tous les deux ensemble.
C’est pourquoi je suis allé t’acheter ce plan.
La première fois, retour du Maroc, années 70.
Et d’Algérie. Tu n’as pas encore mentionné l’Algérie.
Si, mais très discrètement. L’indignation dont nous étions capables. Devant la laideur de cette lourde cathédrale catholique imposée dans cette simplissime splendeur musulmane. Devant la plaque mentionnant l’assassinat de malheureux prêtres par les Républicains pendant la guerre civile.
Tu crois que tu n’en es plus capable ?
Si. Mais ça, je le découvrais alors.

Guadalquivir, le mot sonne déjà comme un poème.
Oui,

el rio Guadalquivir va entre naranjos y olivos.

13 juin 2014
(à suivre)

Couverture : photographie d’un détail
d’une « autre » mosquée
(à Casablanca)

$\Rightarrow$  images, Séville