Michèle Audin

Le plan d’un labyrinthe est inutile, gratuit. Il doit donc être beau. Il l’est presque toujours. Ce n’est pas avec un plan qu’on trouve son chemin, dans un labyrinthe. La similitude des lieux, leur auto-similitude, fait qu’il est impossible de reconnaître l’endroit où l’on se trouve : tous se ressemblent. À quoi bon, alors, le plan ? Le fil, dit Ariane.

Les villes ne sont jamais d’authentiques labyrinthes. Même à Venise, où l’on se perd forcément, les rues portent des noms, et ces noms lus sur les murs peuvent être retrouvés sur le plan de la ville. Mais il y a des villes qui contiennent des labyrinthes, dans leurs jardins, dans leurs églises. Tu te souviens de Vérone ?
Oui. Et toi de ses jardins Giusti ?
Oui, de la belle vue que l’on y découvre de la ville. Et de leur labyrinthe. J’étais arrivée au centre du labyrinthe, et toi, de l’extérieur, tu m’avais photographiée dans ce dédale végétal (des bussions, taillés assez bas).
Oui, et je me souviens de la suite, je n’avais pas appuyé assez fort sur le déclencheur et il n’y avait aucune photo du labyrinthe dans la mémoire de l’appareil.
C’est peut-être pour ça que nous nous en souvenons si bien.

10 septembre 2014
(à suivre)

image : dans les jardins Giusti