- La place Saldanha près de laquelle, encore une chose que le plan ne montre pas, mais comment pourrions-nous prétendre l’ignorer, se trouve la pasteleria Versailles, ce n’est pas que les pâtisseries manquent à Lisbonne, mais celle-là nous intéresse particulièrement, notons que d’aucuns, et notamment, notablement, l’écrivain José Saramago, qu’il va bien falloir nommer, orthographient, orthographiaient, dans son cas, Versalhes, et là nous entendons mieux qu’il en prononçait le s final, en « ch » comme on le fait en portugais, bien sûr, et Versailles, cette pâtisserie mérite de s’appeler ainsi, à cause de son décor à la fois kitch et élégant, désuet et pittoresque, mais pas le moins du monde poussiéreux, délicates moulures et dorures, un tableau représentant une des fontaines du parc de Versailles, des miroirs, et aussi à cause de la qualité et de la variété des pâtisseries qui y sont présentées, sous le comptoir de verre, ou servies à table, mais si le plan ne la montre pas, comment la trouver, voilà une question à laquelle il est impossible de ne pas répondre, et c’est par une autre question que la réponse sera donnée, à quoi donc croyez-vous que sert la littérature ?
- Et le Terreiro do Paço ou Praça do Comercio où l’on descend jusqu’à l’eau, car cela a été écrit, ici la mer s’achève et la terre commence, le fleuve n’est pas la mer mais que ceux qui peuvent le regarder ici sans penser à la mer nous écrivent, de tout ça le plan ne sait rien, les deux colonnes forment une sorte d’entrée, comme à Venise, où la mer s’achève peut-être mais où la terre ne commence sûrement pas, et que ceux qui trouvent que ceci n’est pas la description d’un plan, même pas la description de choses que les plans ne décrivent pas, que ceux-là nous écrivent eux aussi, nous disons eux aussi mais nous imaginons que ce seront les mêmes, la statue équestre n’est pas visible sur le plan mais cela nous empêche-t-il de savoir qu’elle est là, et qu’il y a derrière elle un arc de triomphe, à l’entrée de la bien nommée rue Augusta, celle-là est bien sur le plan, au centre de la Baixa, quartier quadrillé, ce que son nom n’indique pas, mais quartier bas, ça tout le monde peut le comprendre et, nous ne pouvons nous empêcher de l’ajouter, ce quadrillage est la suite du tremblement de terre que la ville a subi le 1er novembre 1755, voir Candide et Voltaire, ce qui, il n’est peut-être pas inutile de le préciser, n’est pas le nom d’une marque de fringues mais bien le titre d’un livre et le nom de son auteur, quant à celui qui a construit ce quartier, enfin qui l’a fait construire, parce que bien sûr, se coltiner les pierres pour monter les murs, ce sont des ouvriers qui l’ont fait, lui a seulement ordonné la chose et du coup les plans se souviennent de lui, même le plan du métro, c’est le Marquis de Pombal.
 
30 septembre 2014
(à suivre)

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.