Michèle Audin

Le Plan de Genève (tout le réseau rusé ! s’exclame une bulle issue d’un renard orangé dessiné devant une photographie du jet d’eau) coûtait trois francs suisses et était édité par les Transports publics genevois (qui ne s’appelaient donc plus Compagnie genevoise des tramways électriques) en 1987. Comme plusieurs plans de la collection, celui-ci porte les stigmates d’un punaisage, peut-être est-il aussi un peu fané. Dommage, car c’était un très beau plan clair, au 10 000e, publié par la firme Orell Füssli à Zurich. Il se continue au verso pour couvrir Onex et Meyrin. Il n’y a pas de liste de rues, pourtant le plan est très élégamment quadrillé, sans numérotation, pour le plaisir, ou pour faire joli, et l’élégance réside dans le fait que les ligne droites (qui forment ce quadrillage) font des angles de 45° avec les bords de la feuille… ce qui n’est pas absolument gratuit puisque ces lignes sont ainsi dans les directions nord-sud et est-ouest (comme on peut le vérifier sur la rose des vents posée sur le lac). Si Genève avait été en Amérique, les rues suivraient ces lignes. Ce n’est bien sûr pas le cas et la ville a eu d’autres façons de se dessiner et de se développer, entre et autour ses deux fleuves (dont l’un est une rivière) et de leur confluent. Le Rhône, l’Arve et le lac Léman sont bleus, évidemment, et le reste dans des tons variés de verts et de gris, les lignes de tram, de trolley et de bus sont indiquées par des lignes rouges et leurs arrêts par des petits disques (des ronds) rouges. À la Jonction (c’est le confluent), une sorte de peigne rouge indique ainsi les voies qu’utilisent les trams pour entrer dans le dépôt de la TPG.
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Comment visiter Genève avec plan est le bizarre titre du quatrième plan de Genève que contient la collection. On ne voit pas le jet d’eau sur la photographie de « couverture », mais un bateau, sans doute près du pont du Mont-Blanc. Une fois déplié, le plan avoue être un « plan touristique schématisé ». De façon cohérente, le verso contient des informations touristiques qu’il n’est pas nécessaire de détailler ici. Il y a une date (1987), de la publicité, le nombre d’exemplaires imprimés (400 000), mais pas d’échelle. Bleu pour l’eau (avec des dessins représentant des parasols et des bateaux de divers types sur le lac), vert pour les parcs (enjolivés par des dessins (pictogrammes ?) représentant des arbres, comme dans les livres pour enfants), du beige, du saumon, du violet et du rose, beaucoup de couleurs… Le plan est, schématique, en effet, et ne montre que les rues principales du centre, pas la rue du Lièvre, par exemple, qui ne présente aucun intérêt pour les touristes, mais il est clair et assez pimpant, ce qui va bien avec la ville elle-même.
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Et un complément à l’image d’hier.
Café parisien, oui.
27 juillet 2014
(à suivre)