Un monde sphérique n’a pas de bout. Le monde plat, en forme d’assiette, qui a précédé le nôtre, avait tout un cercle de bouts.
Pas besoin d’aller si loin. Le bout du monde, nous y sommes tous allés. Et même plusieurs fois. Si on ne peut pas aller plus loin, c’est que c’est le bout. Dans les calanques, à Marseille, il y en a même un qui s’appelle vraiment comme ça, le Bout-du-Monde. Et un endroit comme Audierne, tu crois que ça ne mérite pas d’être appelé le bout du monde ?
Mais il y en a des tas d’autres, de plus secrets. Dans certains aéroports, tu sais, on arrive le matin, une nuit dans l’avion, on n’a pas dormi, l’avion atterrit, mais ce n’est pas fini, on n’en finit pas de parcourir des kilomètres de pistes, on arrive, on finit par sortir de l’avion, mais ce n’est pas fini, car le terminal où l’on est arrivé est au bout du monde, il faut prendre une sorte de train avant de faire la queue pour passer le contrôle de police et d’attendre sa valise, puis marcher pour atteindre la gare et le monde réel, plus d’une heure.
Et chez ton frère, pourtant en plein centre de la France, tu n’as jamais dit que c’était le bout du monde ? Et le fin fond du Danemark, où vivent Dorabella et Ferrando, c’est aussi le bout du monde, d’ailleurs tu n’y es jamais allé. Et toi une seule fois. Oui, et j’ai changé d’avion à Paris et à Copenhague. C’est le bout de notre monde, pas du leur.
Et puis, conclut Guglielmo, un monde qui a des trous du cul doit avoir des bouts.
Et pourquoi, les pivoines ?
Parce que c’est la saison.
Oui.
*
Limbe, aurait dit Dorabella. Mais elle est loin et c’est Fiordiligi qui parle. Il n’y avait pas un roman de science fiction dans lequel il était question de l’"autre bout de la galaxie"? Le bout d’une spirale, ça peut être son centre, c’est ça ? se souvient Guglielmo.Pas besoin d’aller si loin. Le bout du monde, nous y sommes tous allés. Et même plusieurs fois. Si on ne peut pas aller plus loin, c’est que c’est le bout. Dans les calanques, à Marseille, il y en a même un qui s’appelle vraiment comme ça, le Bout-du-Monde. Et un endroit comme Audierne, tu crois que ça ne mérite pas d’être appelé le bout du monde ?
Mais il y en a des tas d’autres, de plus secrets. Dans certains aéroports, tu sais, on arrive le matin, une nuit dans l’avion, on n’a pas dormi, l’avion atterrit, mais ce n’est pas fini, on n’en finit pas de parcourir des kilomètres de pistes, on arrive, on finit par sortir de l’avion, mais ce n’est pas fini, car le terminal où l’on est arrivé est au bout du monde, il faut prendre une sorte de train avant de faire la queue pour passer le contrôle de police et d’attendre sa valise, puis marcher pour atteindre la gare et le monde réel, plus d’une heure.
Et chez ton frère, pourtant en plein centre de la France, tu n’as jamais dit que c’était le bout du monde ? Et le fin fond du Danemark, où vivent Dorabella et Ferrando, c’est aussi le bout du monde, d’ailleurs tu n’y es jamais allé. Et toi une seule fois. Oui, et j’ai changé d’avion à Paris et à Copenhague. C’est le bout de notre monde, pas du leur.
Et puis, conclut Guglielmo, un monde qui a des trous du cul doit avoir des bouts.
Et pourquoi, les pivoines ?
Parce que c’est la saison.
Oui.